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31 mai 2019

ALEX ANFRUNS, Européennes : « Nous demandons que les grandes multinationales soient taxées à la source »

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4 février 2019

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George Sand

George Sand
Description de cette image, également commentée ci-après
Portrait de George Sand par Auguste Charpentier (1838) coll. Musée de la vie romantique, à Paris.
Nom de naissance Amantine Aurore Lucile Dupin
Naissance 1er juillet 1804
Paris
Décès 8 juin 1876 (à 71 ans)
Château de Nohant-Vic
Activité principale Romancière
Auteur
Langue d’écriture Français
Mouvement Romantisme
Genres Roman
Adjectifs dérivés sandien

Œuvres principales

Signature de George Sand

George Sand [ ʒɔʁʒ sɑ̃ːd]1pseudonyme d'Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, par mariage baronne Dudevant, est une romancièredramaturgeépistolièrecritique littéraire et journaliste française, née à Paris le 1er juillet 1804 et morte au château de Nohant-Vic le 8 juin 1876. Elle compte parmi les écrivains les plus prolifiques, avec plus de 70 romans à son actif et 50 volumes d'œuvres diverses dont des nouvelles, des contes, des pièces de théâtre et des textes politiques.

À l'image de son arrière-grand-mère, qu'elle admire2Madame Dupin (Louise de Fontaine 1706-1799), George Sand prend la défense des femmes, prône la passion, fustige le mariage et lutte contre les préjugés d'une société conservatrice.

George Sand a fait scandale par sa vie amoureuse agitée, par sa tenue vestimentaire masculine, dont elle a lancé la mode3, par son pseudonyme masculin, qu'elle adopte dès 18294, et dont elle lance aussi la mode : après elle, Marie d'Agoult signe ses écrits Daniel Stern (1841-1845), Delphine de Girardin prend le pseudonyme de Charles de Launay en 1843.

Malgré de nombreux détracteurs comme Charles Baudelaire ou Jules Barbey d'Aurevilly5, George Sand contribue activement à la vie intellectuelle de son époque, accueillant au domaine de Nohant ou à Palaiseau des personnalités aussi différentes que Franz LisztFrédéric ChopinMarie d'AgoultHonoré de Balzac6Gustave Flaubert7Eugène DelacroixHenri Chapu8, conseillant les uns, encourageant les autres. Elle a entretenu une grande amitié avec Victor Hugo par correspondance mais ces deux grandes personnalités ne se sont jamais rencontrées.

Elle s'est aussi illustrée par un engagement politique actif à partir de 1848, inspirant Alexandre Ledru-Rollin, participant au lancement de trois journaux : La Cause du peupleLe Bulletin de la Républiquel'Éclaireur, plaidant auprès de Napoléon III la cause de condamnés, notamment celle de Victor Hugo dont elle admirait l'œuvre et dont elle a tenté d'obtenir la grâce5 après avoir éclipsé Notre Dame de Paris avec Indiana, son premier roman.

Son œuvre est abondante9 et la campagne du Berry lui sert souvent de cadre. Ses premiers romans, comme Indiana (1832), bousculent les conventions sociales et magnifient la révolte des femmes en exposant les sentiments de ses contemporaines, chose exceptionnelle à l'époque et qui divisa aussi bien l'opinion publique que l'élite littéraire. Puis George Sand ouvre ses romans à la question sociale en défendant les ouvriers et les pauvres (Le Compagnon du Tour de France) et en imaginant une société sans classes et sans conflit (Mauprat, 1837 - Le Meunier d'Angibault, 1845).

Elle se tourne ensuite vers le milieu paysan et écrit des romans champêtres idéalisés comme La Mare au diable (1846), François le Champi (1848), La Petite Fadette (1849), Les Maîtres sonneurs (1853).

George Sand a abordé d'autres genres comme l'autobiographie (Histoire de ma vie, 1855) et le roman historique avec Consuelo (1843) où elle brosse, à travers la figure d'une cantatrice italienne, le paysage artistique européen du xviiie siècle, ou encore Les Beaux Messieurs de Bois-Doré (1858) qui multiplie les péripéties amoureuses et aventureuses dans le contexte des oppositions religieuses sous le règne de Louis XIII. Vers la fin de sa vie, elle écrit une abondante œuvre théâtrale, restée largement inédite de son vivant.

Biographie

Enfance

La maison natale d'Aurore Dupin, rue Meslay à Paris.
Madame Dupin de Francueil achète le 23 août 1793, le château de Nohant dans l'Indre.

Amantine Aurore Lucile Dupin10, future George Sand, nait le 1er juillet 1804 à Paris11 (anciennement au 15 rue Meslay devenu le no 46, dans le 3e arrondissement)12. Fille de Maurice Dupin de Francueil et de Sophie-Victoire Delaborde, elle est, par son père, l'arrière-petite-fille du maréchal de France, Maurice de Saxe (1696-1750)13,14. Du côté de sa mère, elle a pour grand-père Antoine Delaborde, maître paulmier et maître oiselier, qui vendait des serins et des chardonnerets à Paris, sur le quai aux Oiseaux15,16. Aurore a donc une double ascendance, populaire et aristocratique, qui la marque profondément. Deux origines sociales diamétralement opposées qui expliquent la personnalité d'Aurore Dupin et son engagement politique à venir17 :

« On n'est pas seulement l'enfant de son père, on est aussi un peu, je crois, celui de sa mère. Il me semble même qu'on l'est davantage, et que nous tenons aux entrailles qui nous ont portés, de la façon la plus immédiate, la plus puissante, la plus sacrée. Or, si mon père était l'arrière-petit-fils d'Auguste II, roi de Pologne, et si, de ce côté, je me trouve d'une manière illégitime, mais fort réelle, proche parente de Charles X et de Louis XVIII, il n'en est pas moins vrai que je tiens au peuple par le sang, d'une manière tout aussi intime et directe ; de plus, il n'y a point de bâtardise de ce côté-là. »

Hippolyte Chatiron et Aurore Dupin, en 1810.

Son père, Maurice Dupin, incorporé dans les rangs de l'armée révolutionnaire, effectue de 1798 à 1808, toutes les guerres républicaines et impériales. Pendant les campagnes d'Italie, il s'éprend de Sophie Victoire Delaborde, qui partage alors la vie de l'intendant affecté aux subsistances, l'adjudant-général Claude-Antoine Collin, âgé de cinquante ans. Victoire suit Maurice à son retour en France. La mère de ce dernier, Marie-Aurore de Saxe, fait tout pour s'opposer à leur mariage ; c'est donc à son insu que le 5 juin 1804, moins d'un mois avant la naissance de la future George Sand, le capitaine Maurice Dupin signe devant le maire du 2e arrondissement ancien de Paris, l'acte de mariage avec Victoire Delaborde18.

Maurice Dupin a eu précédemment une liaison avec la domestique du château de Nohant, Catherine Chatiron (1779-1866)note 1. Elle est entrée au service de Madame Dupin de Francueil, le 24 janvier 1797 pour une rémunération de 60 francs par an23. Catherine donne le jour à La Châtre le 5 mai 1799, à un fils naturel et déclaré sous le nom de Pierre Laverdure24. Maurice Dupin refuse de reconnaître l'enfant qui prendra l'identité d'Hippolyte Chatiron (1799-1848)note 2, le demi-frère d'Aurore. Marie-Aurore de Saxe congédie Catherine Chatiron, mais fait élever l'enfant par le précepteur de Maurice, Jean-Louis François Deschartres28.

Les trois premières années de la vie d'Aurore Dupin s'écoulent dans le petit logis de ses jeunes parents, rue de la Grange-Batelière. En avril 1808, Victoire, enceinte de sept mois, rejoint son mari en garnison à Madrid. Elle est accompagnée de sa fille Aurore et ce, malgré le désaveu de Maurice Dupin au vu de cette périlleuse expédition et de la situation militaire espagnole. Dans le palais de Godoy, Murat témoigne beaucoup d'affection à l'enfant. Le 12 juin 1808 à Madrid, Victoire donne naissance à un fils, Auguste, mais il est aveugle. Les événements politiques se précipitent et l'heure de la retraite d'Espagne a sonné. Après un voyage éprouvant, la famille arrive dans l'Indre, chez la grand-mère paternelle. Aurore découvre pour la première fois le domaine de Nohant. Malheureusement, son petit frère ne va pas survivre au voyage et décède au château, le 8 septembre 1808. Une semaine plus tard, Maurice Dupin meurt accidentellement d'une chute de cheval à la sortie de La Châtre, le 16 septembre 180829,30.

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Portraits familiaux.

D'Aurore Dupin à la baronne Dudevant

Enfance à Nohant

Aurore Dupin de Francueil (1748-1821), née Marie-Aurore de Saxe, et sa petite-fille, Aurore Dupin et future George Sand, reçoivent le général Alphonse de Colbert (1776-1843), au château de Nohant, en 1815. Peinture d'Alphonse Lalauze.
Aurore Dupin en 1810 par sa grand-mère Marie-Aurore de SaxeMusée de la vie romantique à Paris.

Aurore grandit à Nohant, tout d'abord avec sa mère et sa grand-mère. Cependant, elle est vite tiraillée entre les deux femmes, tant affectivement que pour son éducation. Sa grand-mère souhaite la prendre en charge, sa mère hésite, souhaitant d'une part vivre avec ses deux filles, d'autre part doutant de sa capacité financière à leur offrir l'équivalent. Aurore est déchirée, notamment à l’idée de se séparer de sa mère : « Aussi, dès que j’étais seule avec elle, je la couvrais de caresses, en la suppliant de ne pas me donner pour de l’argent à ma grand’mère. J’aimais pourtant cette bonne maman si douce, qui ne me parlait que pour me dire des choses tendres ; mais cela ne pouvait se comparer à l’amour passionné que je commençais à ressentir pour ma mère… »31

Sous l'égide de l'abbé de Beaumont, grand-oncle d'Aurore et médiateur équitable31, un compromis est trouvé et l'engagement est pris par écrit le 3 février 180932. Marie-Aurore de Saxe a la responsabilité de l'éducation d'Aurore qui passe la majeure partie de l'année à Nohant et peut voir sa mère, installée à Paris, en hiver. Victoire reçoit une rente de sa belle-mère augmentée par une compensation financière et elle est autorisée à se rendre à Nohant pendant l'été32. La grand-mère confie Aurore au précepteur et homme de confiance, le vieux Jean-Louis François Deschartres33, qui l’élève avec son demi-frère Hippolyte Chatiron. Marie-Aurore de Saxe préfère passer la mauvaise saison dans la capitale et elle demeure rue Neuve-des-Mathurins, à proximité du logement de Victoire. Malgré un droit de visite, la mère n'a pas la permission d'emmener sa fille chez elle. Cette application des accords est encore plus restrictive vis-à-vis de Caroline Delabordenote 3, la fille aînée de Victoire, qui ne doit pas approcher sa demi-sœur Aurore et encore moins de venir au domicile parisien de Madame Dupin de Francueil. Mais un incident se produit au cours de l'hiver 1810-1811. Caroline se présente chez Marie-Aurore malgré l'interdiction et elle est chassée sans ménagement par la maîtresse de maison36. Aurore est traumatisée par cette injustice et en tombe malade. Prise de remords, Marie-Aurore décide d'emmener elle-même sa petite-fille, une fois rétablie, chez Victoire. Au moment du retour à Nohant, Marie-Aurore propose à Victoire de les accompagner, pour ne pas perturber davantage sa fille.

George Sand restera attachée toute sa vie à Nohant et à la campagne où elle peut s'échapper dans la nature pour laisser s'épanouir son imagination. Elle reprendra le thème de la vie pastorale dans ses romans champêtres37,38,39,40. Aurore devenant peu assidue et rebelle, sa grand-mère la met en pension au couvent des Dames Augustines anglaises de Paris pour parfaire son enseignement, du 12 janvier 1818 jusqu'au 12 avril 182032,41,42,43. Elle traverse une crise de mysticisme dans cet établissement religieux, où sa mère et grand-mère étaient emprisonnées sous la Terreur. Marie-Aurore de Saxe, imprégnée des idées du siècle des Lumières, ne tarde pas à la retirer du cloître et la fait revenir à Nohant. La santé de sa grand-mère décline. Consciente que son temps lui est compté, Marie-Aurore a pour dessein de marier sa petite-fille au plus tôt et de la faire son unique héritière, tant de ses biens que des terres et du domaine de Nohant32. Au mois de janvier 1821, un projet de mariage est envisagé avec l'un des cousins d'Aurore, Auguste Vallet de Villeneuve44, veuf depuis 1812 de Laure de Ségur et propriétaire du marquisat du Blanc. Mais il est âgé de 42 ans, alors que sa promise n'a que 16 ans…

Marie-Aurore de Saxe prodigue la plus grande attention à sa petite-fille, et lui fait découvrir Jean-Jacques Rousseau. Cette affection est réciproque, Aurore apprécie sa grand-mère, à l'esprit délicat et cultivé. L'enfant complète son instruction par la lecture. Si Rousseau la fascine, d'autres philosophes captivent la jeune prodige : Chateaubriand à travers le Génie du christianisme, mais également AristoteCondillacMontesquieuBlaise PascalJean de La BruyèreMontaigneFrancis BaconJohn LockeLeibniz, ainsi que les poètes VirgileAlexander PopeJohn MiltonDante, et William Shakespeare. Marie-Aurore de Saxe meurt le 26 décembre 1821 à Nohant-Vic45,46, quelques mois après une attaque d'apoplexie. Ses ultimes paroles sont pour sa petite-fille : « tu perds ta meilleure amie ». Au lendemain de l'enterrement de Madame Dupin de Francueil, la mère d'Aurore arrive à Nohant afin de prendre connaissance des dernières volontés de la défunte. Le frère aîné d'Auguste, le comte René, François Vallet de Villeneuve, possesseur du château de Chenonceau, est désigné pour être le tuteur d'Aurore, mineure et seule légataire à la mort de sa grand-mère. La lecture du testament provoque une violente colère de Victoire Delaborde. Toute la rancœur, contenue ces dernières années, se déchaîne brutalement à l'encontre de sa belle-mère et René Vallet de Villeneuve, par des paroles outrageantes47. Elle exige que sa fille vienne vivre avec elle à Paris, et c'est la rupture avec la famille paternelle. Aurore quitte Nohant avec sa mère, le 18 janvier 1822.

Mariage, premières liaisons, premiers voyages

Jean-Louis François Deschartres indique dans une correspondance en date du 26 septembre 1822 à Nohant que Sophie, Victoire Dupin à propos d'Aurore n'avait qu'une hâte, celle :
« de lui trouver quelques vieilles moustaches qui la débarrassent de sa fille qui était un diable ».

Les relations entre la mère et la fille deviennent vite conflictuelles. Au printemps 1822, Victoire confie Aurore à des amis de Maurice Dupin, James et Angèle Roettiers du Plessis, qui vivent avec leurs cinq filles dans le château du Plessis-Picard près de Melun. Elle reste plusieurs mois dans cette famille, où règne une excellente ambiance, et y rencontre François Casimir Dudevant, avocat à la cour royale, qu'elle épouse à Paris le 17 septembre48. La mère d'Aurore a la présence d'esprit d'imposer le régime dotal, Aurore conservant sa fortune personnelle de 500 000 francs49, et doit recevoir de son mari une rente de 3 000 francs par an pour ses besoins personnels.

Dans une longue correspondance adressée à une « belle Dame », en date du 26 septembre 1822 à Nohant, soit quelques jours après le mariage de la jeune Aurore, Jean-Louis Deschartres explique que la mère n'avait qu'une hâte, se délivrer de sa fille au plus tôt50 :

« Vous auriez bien voulu Madame, entrer dans quelques détails sur les nouveaux propriétaires de Nohant […]. Vous me mandez qu'à la place de la jeune baronne, vous seriez montée chez moi, vous vous seriez jetée à mon col vous m'auriez témoigné franchise, amitié, &c. […] mais tout le monde n'a pas un cœur fait comme le vôtre ; […] il faut bien se persuader qu'entre la vieillesse et la jeunesse, l'amitié ne peut exister […]. C'est d'après ce principe que je ne suis entré en aucune discussion avec les jeunes mariés. Je ne sais sur les antécédents que ce qu'ils ont bien voulu dans la conversation me laisser connaître […]. Le jeune homme est bien fait, a la figure peu avenante quoique doux ; il a un peu la pétulance gasconne, sans en avoir la jactance. Ses parents autrefois très riches colons américains, ont cherché comme tous les propriétaires à tirer le meilleur parti possible de leur récolte en établissant des raffineries de sucre. Son père était lieutenant colonel avant la Révolution. Il a été admis chez Mme Dupin rue du roi de Sicile […]. Après sa retraite, le colonel fut député, 12 ou 15 ans ; son fils unique aura droit à la fortune paternelle qui est de 25 à 30 000 francs de revenus […]. Bref si Aurore eût pu faire un meilleur choix sous tous les rapports, elle eût pu aussi en faire un bien plus mauvais ; et vous serez étonnée que la chose n’ait pas eu lieu, lorsque vous saurez qu’après la rupture du mariage Pontcarré, la mère Mme Maurice s’adressa à M. Savin l'ami de M. de Beaumont, et lui dit de lui trouver quelques vieilles moustaches qui la débarrassent de sa fille qui était un diable […]. Savin s'est adressé à M. Roëttiers de Montaleau du Plessis, lui disant que s'il trouvait un officier à demi-solde qui pût obtenir le consentement de la jeune personne il assurait celui de la mère. Ce M. du Plessis répondit qu'il avait tout ce que l'on pouvait désirer [...]. La mère conduisit la fille au Plessis-Picard et l'y laissa seule, sans domestique : Aurore fit l'objet alors de demandes d'un aide de camp du général Subervie, jeune turc de 45 ou 50 ans sans fortune, d'un avocat fils d'un payeur à Chalons, et d'un notaire, mais la jeune personne donna sa préférence à son mari, et Mme Maurice Dupin, oubliant les obligations d'une mère qui tient à l'honneur, à la probité, à la considération, qui si elle a le malheur d'avoir une fille répréhensible par sa légèreté, coupable dans sa conduite, doit la couvrir de son manteau, la protéger, la défendre lors encore que ses erreurs et ses fautes seraient avérées, […] par une infamie qu'on ne peut expliquer, alla calomnier sa fille, dire le plus de mal possible du jeune homme à qui a voulu l'entendre […]. M. de Beaumont ajouta foi aux rapports mensongers, et pendant que cette mère vomie par l'enfer, lui racontait qu'elle avait été indignement chassée de chez elle par les jeunes gens, elle écrivait à ces derniers les lettres les plus tendres [...]. Le caractère de duplicité paraît inhérent aux individus de cette famille. »

Victoire se désiste alors de la tutelle de sa fille le 5 octobre 1822 au profit de Casimir Dudevant et les époux s’installent à Nohant51,52. Pour Aurore, ce mariage est l'occasion de gagner sa liberté, mais c'est oublier que les femmes mariées sont à cette époque traitées en mineures de leur mari. Aurore va vite comprendre qu'elle reste enfermée dans sa condition de vassale et que Casimir, comme ses nombreux prétendants, ne voit en elle que la riche héritière53.

Le 30 juin 1823, Aurore donne naissance à son fils Maurice (1823-1889) à Paris54. En 1824, chez les du Plessis, Casimir gifle Aurore en public pour un motif futile55. Les premières fêlures du couple apparaissent et Aurore se rend compte que tout la sépare de son époux, grossier, peu cultivé, à l'éducation si dissemblable, dont les goûts diffèrent totalement des siens. Le hasard d'une rencontre en juillet 1825, lors d'un voyage avec Casimir à Cauterets dans les Pyrénées, permet à la jeune femme de renaître à la vie. Aurore fait la connaissance d'Aurélien de Seze, avocat de talent, substitut au tribunal de Bordeaux et neveu du défenseur de Louis XVI. Séduisant, intelligent, Aurélien a conquis le cœur d'Aurore, le temps d'une courte histoire d'amour, passionnée et platonique56. Ils échangent une importante correspondance, mais leurs rencontres sont rares et Aurore vient de retrouver un ami de jeunesse. Au cours de ses séjours à Nohant, elle noue une liaison avec Stéphane Ajasson de Grandsagne, originaire de La Châtre, de 1827 à 182856. La rumeur publique rattrape les amants et compromet l'équilibre précaire des époux Dudevant. Le 13 septembre 1828, à Nohant, Aurore met au monde une fille, Solange (1828-1899), dont la paternité est empreinte d'incertitude, du fait de la fréquentation d'Aurore avec Stéphane Ajasson de Grandsagne57. De son côté, Casimir se met à boire, devient odieux et entretient des relations avec les servantes58. La situation conjugale se dégrade, les époux font chambre à part. Aurore veut son indépendance, souhaite travailler et gérer ses biens propres. Au même moment, elle engage une nouvelle idylle avec le romancier Jules Sandeau, et désire le rejoindre à Paris. Au mois de décembre 1830, une scène éclate entre Casimir et Aurore. Elle vient de découvrir le « testament » de son mari qui se résume à des critiques venimeuses et des rancunes envers sa femme. Leur séparation est inévitable (le divorce n'existe pas à cette époque) et prononcée en sa faveur le 16 février 1836, le tribunal de La Châtre reconnaissant prouvés les « injures graves, sévices et mauvais traitements »59. Face à la grande fermeté de son épouse, Casimir Dudevant s'incline et ne veut surtout pas perdre l'usufruit des possessions d'Aurore. Elle décide de vivre alternativement entre Paris et Nohant. Casimir doit lui verser une pension de 3 000 francs prévue par leur contrat de mariage58. Dans un premier temps, Solange et Maurice restent auprès de leur père à Nohant. Une fois établie à Paris, Aurore emmène sa fille chez elle et Casimir Dudevant se laissera convaincre par la suite, de confier Maurice à sa mère58. Le demi-frère d'Aurore, Hippolyte Chatiron, semble avoir joué un rôle dans le conflit qui oppose sa sœur et son beau-frère Casimir Dudevant, dont il partage le penchant pour la boisson et les fêtes58.

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D'Aurore Dupin à George Sand.

La naissance et la jeunesse de George Sand

Couverture d'une édition parue chez Calmann-Lévy.
Marie Dorval, actrice célèbre. Lithographie de Paul Delaroche en 1831.

Les 27, 28 et 29 juillet 1830 - journées dites les Trois Glorieuses - les insurrections parisiennes renversent les Bourbons. L'engagement politique d'Aurore Dupin et sa prise de conscience débutent véritablement à partir de cette période. Jusqu'alors, Aurore Dupin ne s'intéresse guère à la politique. Sa sensibilité est même bonapartiste, en raison du souvenir et de la carrière militaire de son père. Elle s'est opposée, avec son époux Casimir Dudevant, au candidat royaliste lors des élections censitaires de 1827 en soutenant activement le candidat républicain, Duris-Dufresne à La Châtre60. Le 30 juillet 1830, Aurore Dupin rencontre Jules Sandeau au château du Coudray à Verneuil-sur-Igneraie. Une rencontre qui marque la jeune Aurore, et qui va influer sur sa destinée. Le 4 janvier 1831, elle quitte Nohant pour rejoindre à Paris une petite société de jeunes Berrichons, férus de littérature romantique et qu'elle fréquentait déjà dans l'Indre : Charles DuvernetAlphonse Fleury et Jules Sandeau. Dans ce Paris de 1831, en pleine effervescence romantique après la révolution de Juillet, où les jeunes artistes et poètes du quartier latin portaient des costumes extravagants, Aurore mène une vie de bohème avec ses compagnons, allant dans les théâtres, les musées et les bibliothèques. Ayant obtenu de la préfecture de police de l'Indre une permission de travestissement61,62, elle adopte un costume masculin, plus pratique et moins coûteux : elle endosse une « redingote-guérite », se noue une grosse cravate en laine, se fait couper les cheveux jusqu'aux épaules et met un chapeau de feutre mou63,64. Aurore affiche sa liaison avec Jules Sandeau. Ensemble, ils commencent une carrière de journalistes au Figaro, sous l'œil sévère mais bienveillant d'Henri de Latouche, le directeur du journal. Ils écrivent en commun un roman, Rose et Blanche, publié sous le pseudonyme de J. Sand65.

Plaque au n°31 rue de Seine (Paris), où elle vit en 1831.

Le roman Rose et Blanche est ébauché par Aurore, mais refait entièrement par Jules Sandeau. L'artiste Alcide-Joseph Lorentz, ami de George Sand, illustre la couverture de ce premier romannote 4. L'ouvrage se voit attribuer, par une fantaisie d'Henri de Latouche, le nom d'auteur de Jules Sand67, qui évoque non seulement Jules Sandeau, mais aussi Karl Sand, l'étudiant bavarois assassin d'August von Kotzebue. Ce livre connaît un certain succès, au point qu'un autre éditeur se présente et commande un prochain roman sous le même nom. Comme Aurore vient d'écrire Indiana, à Nohant durant l'hiver 1831-1832, elle veut le donner sous le même pseudonyme mais Jules Sandeau, par modestie, n'accepte pas la paternité d'un livre auquel il est totalement étranger. Henri de Latouche est consulté et tranche par un compromis : le nom de Sand est conservé pour satisfaire l'éditeur et le prénom est modifié pour distinguer les deux auteurs. Aurore prend celui de George, qui lui semble « synonyme de Berrichon »68. Étymologiquement, George signifie en effet « celui qui travaille la terre »69. Sans le s final du prénom, elle joue sur l'ambiguïté et l'androgynie70. Sa première œuvre personnelle, Indiana, est publiée le 19 mai 1832 sous le nom de G. Sand et tous ses romans ultérieurs le seront sous le pseudonyme de George Sand, qu'elle adopte définitivement.

Valentine, composée à Nohant et achevée pendant l'été de 1832, est éditée trois mois après Indiana. Ces deux romans assurent la renommée de l'écrivain et améliorent beaucoup sa situation financière. Elle quitte son petit logement du cinquième étage du quai Saint-Michel pour aller s'installer dans la « mansarde bleue », un appartement plus confortable au troisième étage, sous les toits, au no 19 quai Malaquais71François Buloz, le directeur de la Revue des deux Mondes, lui assure par contrat une rente annuelle de 4 000 francs en échange de trente-deux pages d'écriture toutes les six semaines. Au début de 1833, elle rompt avec Jules Sandeau, coupable d'une infidélité, mais surtout qu'elle juge « paresseux, nonchalant, sans volonté ». Elle a une brève relation avec Prosper Mérimée, très décevante et qu'elle regrette amèrement. C'est une période sombre pour George Sand, démoralisée par ces deux déceptions. Le 10 août 1833, paraît Lélia, une œuvre lyrique, allégorique et très originale, dont le succès est prodigieux72.

En janvier 1833, George Sand éprouve une affection profonde pour la comédienne Marie Dorval, une amie de Jules Sandeau73, qu'elle admire lors de l'une de ses représentations au point de lui envoyer une lettre. Leurs échanges de correspondances donnent la mesure de l'amitié intense qui lie les deux femmes et leur attachement mutuel. Ainsi le 18 mars 1833, George Sand écrit à Marie Dorval : « Je ne peux vous voir aujourd'hui, ma chérie. Je n'ai pas tant de bonheur. Lundi, matin ou soir, au théâtre ou dans votre lit, il faudra que j'aille vous embrasser, madame, ou que je fasse quelque folie. Je travaille comme un forçat, ce sera ma récompense. Adieu, belle entre toutes » et Marie de lui répondre : « Vous êtes une méchante et je comptais bien sur le bonheur de vous avoir toute la soirée dans ma loge. Nous aurions vite dîné, à cinq heures, et nous serions parties ensemble. Voyons, tâchez. Je vous ai vue hier toute la soirée, je vous ai regardée sans rencontrer vos yeux. Vous aviez l'air d'une boudeuse. C'est moi qui viendrai vous voir demain matin. Ce soir, je ne suis pas chez moi. Mon Dieu, quelle envie de causer j'ai donc ! Nous ne pourrons donc jamais nous accrocher ? »74. Leur relation fait l'objet de médisances à Paris, d'autant qu'elles comptent parmi les personnalités féminines les plus en vue. Gustave Planche écrit à Sand de se méfier de cette « dangereuse amitié », tandis qu'Alfred de Vigny, amant de Dorval, la conjure : « j'ai défendu à Marie de répondre à cette Sapho qui l'ennuie ! » Missive restée sans suite75. En effet, Marie Dorval collabore à l'écriture de Cosima76, pièce de théâtre de George Sand créée le 29 avril 1840 à la Comédie-Française, avec la célèbre comédienne dans le premier rôle77.

Alfred de Musset

« George Sand habillée en homme » le 25 novembre 1834 par Eugène Delacroix. La romancière vient de se couper les cheveux après sa rupture avec le poète Alfred de Musset. Le tableau est commandé par François Buloz, le rédacteur en chef de La Revue des deux mondes.
Musée national Eugène-Delacroix.
Portraits de Norma Tessum-Onda (anagramme de Roman, Musset et à une lettre près, Sand), la fille supposée d'Alfred de Musset et de George Sand. Il s'agit en réalité de Joséphine-Marie Ménard (1854-1875) et elle est l'un des modèles du peintre Charles Muller. La tutrice de Joséphine-Marie Ménard est une aventurière et demi-mondaine Françoise Adélaïde Thomas (1798-1881), veuve d'Alphonse Cora (mariés en 1837 à Saint-Florent-le-Vieil).
Venise - Façade de l'hôtel Danieli, sur le quai des Esclavons, photographie de Carlo Naya.
George Sand et la comtesse Marie d'Agoult dans une loge au théâtre le 22 novembre 1837, par Mathilde Odier née de Laborde (1815-1904).

George Sand rencontre pour la première fois Alfred de Musset le 17 juin 1833, lors d'un dîner organisé par François Buloz pour ses collaborateurs de la Revue des deux Mondes, au restaurant Lointier, no 104 rue Richelieu à Paris78. À la fin du mois de juillet, ils sont amants et Musset s'installe chez George Sand, quai Malaquais. Le couple se rend à Fontainebleau où ils séjournent du 5 au 13 août à l'hôtel Britannique au no 108 rue de France79. Une nuit, lors d'une promenade en forêt aux roches de Franchard, Musset est la proie d'une hallucination, croyant voir apparaître son double. Cette scène est évoquée dans le roman Elle et Lui et décrite également par Musset dans la Nuit de Décembre80.

Ils conçoivent le projet d'un voyage en Italie. Ils partent le 12 décembre 1833 et font une partie de la traversée en compagnie de Stendhal, rencontré à Marseille et qui rejoint son poste de consul à Civitavecchia. À Gênes, George Sand souffre de fièvre et dysenterie. Ils parviennent à Venise le 31 décembre 1833 et descendent à l'hôtel Danieli, le 1er janvier 1834. Alors que George Sand est toujours souffrante et doit rester alitée deux semaines, Musset reprend sa vie de noctambule et s'abandonne à tous les plaisirs. Déjà à Gênes et à Florence, George Sand s'est plainte des inconduites de son compagnon et décide de lui fermer sa porte à Venise81. Alfred de Musset tombe gravement malade à son tour, atteint d'une fièvre accompagnée de crises de délire. Les ressentiments oubliés en de tels instants, George Sand est à son chevet82. Elle fait appel aux soins d'un jeune médecin, Pietro Pagello, qui diagnostique une fièvre typhoïde. George Sand s'éprend de Pagello, alors que la santé de Musset s'améliore. Sa guérison assurée, Pagello lui avoue sa passion pour George Sand. Musset, stoïque, leur conserve son amitié, quitte Venise le 29 mars 1834 et rentre en France83. Il continue néanmoins d'entretenir une correspondance avec George Sand et celle-ci, restée avec Pagello, travaille énormément à plusieurs ouvrages84. Elle écrit MatteaLeone LeoniAndréJacques, les premières Lettres d'un voyageur, puis revient en France avec Pagello.

Le 14 août 1834, ils arrivent à Paris et Musset informé de leur retour, supplie George Sand de lui accorder une entrevue. Elle exauce son vœu et le revoit dès le 17 août. Chacun se reproche d'avoir perdu le bonheur par sa propre faute. Les remords de George Sand sont tels, qu'elle songe au suicide85. Conscients de ne pouvoir revenir en arrière, ils décident de s'éloigner l'un de l'autre et de quitter Paris le 24 août, Musset à Bade et Sand à Nohant. Quant à Pagello, malgré une invitation pour accompagner la romancière au Berry, il choisit de rester dans la capitale. De son exil en Allemagne, Musset envoie des lettres enflammées à George Sand qui renoue avec le poète de retour en France, le 20 octobre 1834. Pagello, jaloux, repart pour l'Italie. Mais leur nouvelle liaison ne fait que raviver les souffrances, les querelles et les reproches, une passion destructrice, qui va les consumer. Leur union n'est plus supportable et c'est Musset, fatigué, qui rompt le premier, le 9 novembre 183486. George Sand est désespérée, tente une réconciliation mais Musset ne répond pas à ses lettres. Elle décide de couper sa magnifique chevelure dans un accès romantique et de lui envoyer cette preuve d'amour, gage de sa peine profonde.

Elle rencontre, à la fin du mois de novembre 1834, le peintre Eugène Delacroix, à la suite d'une demande de son éditeur François Buloz. Ce dernier souhaite en effet faire connaître à ses lecteurs, par un portrait, la romancière qui écrit dans son journal depuis 1833. Delacroix immortalise George Sand, le visage empreint de tristesse. L'écrivain est vêtu en costume d'homme et montre ses cheveux coupés. Au cours de cette période douloureuse, George Sand tient un journal intime et en date du 25 novembre, elle s'adresse directement à Musset87,88 :

« Ce matin, j'ai posé chez Delacroix. J'ai causé avec lui en fumant des cigarettes de paille délicieuses. Il m'en a donné […] Je ne guéris pourtant pas ! Eh bien, eh bien, comme vous voudrez, mon Dieu! Faites de moi ce qui vous plaira. Je racontais mon chagrin à Delacroix ce matin, car de quoi puis-je parler, sinon de cela ? Et il me donnait un bon conseil, c'est de n'avoir plus de courage. Laissez-vous aller, disait-il. Quand je suis ainsi je ne fais pas le fier ; je ne suis pas né romain. Je m'abandonne à mon désespoir. Il me ronge, il m'abat, il me tue. Quand il en a assez, il se lasse à son tour, et il me quitte. Le mien me quittera-t-il ? Hélas ! Il augmente tous les jours. »

À la réception du colis et de son précieux contenu, Alfred de Musset fond en larmes. En ce début du mois de janvier 1835, Sand et Musset renouent leur idylle et le 14 janvier, Sand, triomphante, écrit à Alfred Tattet, le confident de Musset : « Alfred est redevenu mon amant »89. Le 14 février, le couple assiste à une représentation de Chatterton de Vigny à la Comédie-Française. Leur relation se poursuit, orageuse, marquée par des plaintes, des remontrances, des récriminations, jusqu'à leur rupture définitive le 6 mars 1835, mais, cette fois-ci, à l'initiative de George Sand90.

Cette relation inspire à George Sand les trois premières Lettres d'un voyageur et à Musset La Confession d'un enfant du siècle. Après la mort d'Alfred de Musset, George Sand fait paraître Elle et lui en 1859, qui raconte leur histoire. Le frère d'Alfred, Paul de Musset, riposte en publiant Lui et elle et Louise Colet, qui eut une liaison avec Alfred de Musset, renchérit par un Lui.

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Michel de Bourges

George Sand entreprend les procédures judiciaires à l'encontre de son mari, Casimir Dudevant. Les rapports entre les époux se sont envenimés à cause du train de vie dispendieux de Casimir qui s'est engagé dans des opérations hasardeuses. George Sand craint à juste titre, qu'il ne provoque sa ruine. Des amis lui recommandent le célèbre avocat républicain Louis Michel, pour plaider sa séparation définitive avec le baron Dudevant. L'avocat, plus connu sous le pseudonyme de sa ville, Michel de Bourges, est doué d'un grand talent oratoire et intervient dans les procès politiques de la monarchie de Juillet. Le 9 avril 1835, George Sand le rencontre dans l'ancienne capitale du Berry et lui expose son affaire. Michel venait de lire son roman Lélia et sous le charme de George Sand, lui offre une plaidoirie impressionnante, en arpentant les rues de Bourges toute une nuit. La séduction est réciproque, George Sand le retrouve en mai à Paris et ils deviennent amants91. Avec Michel de Bourges commence une double passion, amoureuse et politique. Michel convertit George Sand, déjà sensible aux opinions républicaines, aux idées socialistes92. L'engagement de cette dernière est tel que son appartement parisien est transformé en cénacle républicain et par voie de conséquence, sous surveillance policière. Michel gagne le procès en séparation de George Sand, au terme d'une longue procédure, le 16 février 183693. Il promet à George Sand de vivre avec elle, mais c'est un homme marié et qui va le rester. En raison de sa peur de sa femme et de la forte personnalité de la romancière, il rompt leur liaison délétère qui prend fin au mois de juin 1837, après des reproches mutuels. Cette séparation douloureuse déstabilise George Sand. Les liaisons qui suivent restent sans lendemain : Félicien Mallefille le précepteur de son fils Maurice91Charles Didier ou l'acteur Pierre Bocage. Ce dernier lui restera fidèle en amitié.

George Sand dédie la sixième des Lettres d'un voyageur à Éverard, surnom qu'elle donne à Michel de Bourges. Il lui inspire également le personnage de l'avocat Simon, dans le roman du même nom en 183694. Un autre ouvrage intitulé Engelwald le Chauve n'est pas sans évoquer Michel de Bourges, mais l'œuvre ne sera jamais publiée et le manuscrit est détruit en 1864 par l'auteur95.

Durant cette période George Sand se rapproche de Frédéric Girerd. Il est déjà un ami de Michel de Bourges et, comme lui, avocat et homme politique. Il devient un ami et confident de George Sand et ils conserveront leurs liens par la suite96,97,98.

Franz Liszt et Marie d'Agoult

Franz Liszt par Henri Lehmann (1839).

Alfred de Musset présente George Sand à Franz Liszt, compositeur, pianiste virtuose et professeur de musique d'Herminie, la sœur du poète. Franz Liszt est transporté par le mouvement de 1830, influencé par les idées saint-simoniennes et enthousiasmé par Lamennais. La lecture de Leone Leoni, transposition de Manon Lescaut dans le mode romantique, a fait de lui un admirateur de George Sand99. Leur relation restera purement amicale. Le célèbre pianiste a un élève de talent, Hermann Cohen et l'introduit dans le cercle parisien où se retrouvent écrivains et musiciens. En 1834, George Sand et l'abbé Lamennais font ainsi la connaissance du protégé de Liszt, qui s'accroche à son mentor, et sont tous deux charmés par le jeune garçon100. Franz Liszt le surnomme Puzzi, traduction de « mignon » en allemand et la romancière commence à parler de lui comme le mélancolique Puzzi. L'enfant, promis à une brillante carrière artistique, rencontre régulièrement George Sand qui lui prodigue beaucoup d'affection et le considère comme un second fils100.

Le 28 août 1836, George Sand part de Nohant avec ses enfants, pour se rendre en Suisse où l'attendent ses amis Franz Liszt et Marie d'Agoult91. Marie a quitté son mari et sa fille pour rejoindre Franz Liszt à Genève en juin 1835 et la passion qui les unit plaît à George Sand. Il s'agit du second séjour de l'écrivain dans les Alpes. Franz et Arabella, pseudonyme romantique de Marie d'Agoult, accompagnent George Sand dans son périple qui commence par l'étape de Chamonix, avec leur protégé Hermann Cohen. Adolphe Pictet, professeur d'Histoire des littératures modernes à l'Académie de Genève et qui plus est, major d'artillerie de l'armée Suisse, se joint également au groupe. Cette excursion de quinze jours à dos de mulet, se déroule en divers lieux : GenèveChamonix, le glacier des Bossons, le précipice de la Tête-Noire par le Col de la ForclazMartignyFribourg et la cathédrale Saint-Nicolas avec ses orgues réputés, la Mer de Glace101.

Au mois d'octobre 1836, George Sand s'installe à l'hôtel de France, rue Laffitte à Paris, où résident Liszt et Marie d'Agoult. Le salon de la comtesse d'Agoult est fréquenté par LamennaisHeineMickiewiczMichel de BourgesCharles Didier et Frédéric Chopin102. En février-mars et mai-juillet 1837, Franz Liszt et Marie d'Agoult séjournent à Nohant91. C'est à Franz Liszt que George Sand adresse la septième des Lettres d'un voyageur, sur Lavater et la maison déserte103. Liszt lui répond par ses trois premières Lettres d'un bachelier ès musique104. En 1838, George Sand donne à Balzac le sujet d'un roman, les Galériens ou les Amours forcés. Ces Galériens de l'amour, sont Franz Liszt et Marie d'Agoult. C'est pourquoi George Sand ne peut écrire ce roman elle-même et le confie à Balzac. L'ouvrage figure dans la collection de La Comédie humaine sous le titre de Béatrix105. Le personnage de la comtesse d'Agoult est celui de Béatrix et Liszt, celui du compositeur Conti. Quant à George Sand, elle apparaît dans le roman sous le nom de Félicité des Touches ou par son nom de plume androgyne, Camille Maupin. Les personnages sont parfaitement transparents et dans l’œuvre, Félicité des Touches est toujours comparée à Béatrix et lui est préférée. On voit que l'amitié des deux femmes s'est refroidie, à cause de l'engouement de George Sand pour Frédéric Chopin106.

Félicité de Lamennais

L'abbé Félicité de Lamennais devient le démocrate chrétien qui trouve dans l'Évangile, la loi de liberté, d'égalité et de fraternité, loi recueillie par les philosophes et proclamée par la Révolution. Il est excommunié après la parution de son livre Paroles d'un croyant. Lamennais a une grande influence sur Franz Liszt et George Sand107 qui manifeste son enthousiasme pour ce prêtre, dans Histoire de ma vie108. Elle lui déclare : « Nous vous comptons parmi nos saints... vous êtes le père de notre Église nouvelle »Lamennais se fixe à Paris, fonde un journal, Le Monde, auquel George Sand collabore bénévolement. Elle publie en 1837, Ingres et Calamatta, un article destiné à faire connaître le graveur Luigi Calamatta. Celui-ci réalise des portraits de George Sand, la gravure Une visite aux Catacombes, un petit fragment poétique, et enfin les célèbres Lettres à Marcie109. Dans ces dernières, George Sand exprime ses idées sur le mariage, l'affranchissement de la femme et son égalité avec l'homme110. L'audace de cette œuvre a dû effaroucher Lamennais, pour qu'il commente son auteur en ces termes : « Elle ne pardonne pas à saint Paul d'avoir dit : Femmes, obéissez à vos maris ! »111. Finalement, la publication s'interrompt lorsque Lamennais abandonne la direction du Monde112.

Lamennais inspire à George Sand, dans son roman Spiridion, le personnage du moine fondateur d'un couvent, chercheur intransigeant de la vérité113. Le philosophe Pierre Leroux marque également de son empreinte cet ouvrage.

Pierre Leroux

Personnages assis, de gauche à droite : Alexandre Dumas, George Sand, Franz Liszt, la comtesse Marie d'Agoult. Personnages debout : Victor Hugo114Niccolò PaganiniGioachino Rossini.
George Sand (esquisse) par Eugène Delacroix en 1838. Collection Ordrupgaard museum de Copenhague115.

Charles-Augustin Sainte-Beuve (1804-1869), critique et écrivain, est le conseiller littéraire de George Sand. Il est aussi son confident, particulièrement au moment de ses amours avec Alfred de Musset. George Sand toujours en quête d'idéal et de ferveur réformatrice, demande son avis à Sainte-Beuve dans ce domaine116. Après Félicité de Lamennais, elle cherche un nouveau mentor qui pourrait satisfaire son ardeur politique. En avril 1835, se tient à Paris le procès de 10 000 insurgés, à la suite de la révolte des Canuts et aux insurrections de 1834 qui ont éclaté dans la capitale et différentes grandes villes de France. Ce procès monstre offre une tribune inespérée à l'opposition républicaine et les convictions de George Sand s'affirment lors de son déroulement. Face à l'échec des révoltes, elle interroge Sainte-Beuve sur « la révolution à faire ». Celui-ci l'oriente vers deux hommes de doctrine : Pierre Leroux et Jean Reynaud qui participent à l’élaboration de l'Encyclopédie nouvelle. George Sand demande à rencontrer Pierre Leroux et au mois de juin 1835, elle lui pose « la question sociale ». Leroux subjugue George Sand et « elle ne jure plus que par lui ». Une profonde amitié naît de leur admiration mutuelle, le philosophe trouvant auprès de l’écrivain, une aide matérielle importante. Elle découvre dans les principes de Pierre Leroux, une synthèse des dogmes épars qu'elle emprunte au christianisme, à Jean-Jacques Rousseau, au saint-simonisme, à Michel de Bourges et à Lamennais117. Compte tenu de l'influence des idées de Pierre Leroux sur l'œuvre de George Sand, il n'est pas inutile de résumer ici sa doctrine :

  1. « L'homme est un animal transformé par la raison et indissolublement uni à l'humanité ; on ne peut concevoir un homme hors de l'humanité ; l'homme n'est pas seulement sensation, ou sentiment, ou connaissance, mais une trinité indivisible de ces trois choses ».
  2. « Nous sommes immortels ; à la mort, l'âme ne fait que se retremper en Dieu, se plonge dans l'oubli avant chaque nouvelle renaissance dans l'humanité ; il y a un cycle de renaissances et à chaque incarnation l'homme se perfectionne ».
  3. « Durant son incarnation, chaque être humain doit progresser indéfiniment, en communication complète avec la nature et avec ses semblables ; l'homme ne peut pas vivre sans société, sans famille, sans propriété, mais il faut combattre les abus de ces trois institutions qui empêchent l'homme de progresser indéfiniment ».
  4. « Le progrès de l'humanité est infini et continu (idée de Leibniz). Les religions sont incomplètes, car elles séparent le corps et l'âme, l'esprit et la matière ; or Dieu est partout, dans le matériel comme dans le spirituel (idée de Saint-Simon sur la sainteté de la matière). L'homme trouvera son salut lorsqu'il comprendra qu'il ne faut pas attendre le royaume de Dieu en dehors de ce monde, après la mort, mais tenter d'élever et sanctifier la vie charnelle et le labeur terrestre ».

Leroux s'intéresse particulièrement de ce point de vue, à certaines sectes médiévales comme les lollards, les hussites et surtout les taborites118.

Les idées de Pierre Leroux se manifestent dans toute une série de romans de George Sand : SpiridionConsueloLa Comtesse de RudolstadtJean ZyskaProcope le GrandLe Meunier d'AngibaultLe Péché de Monsieur AntoineHoraceLe Compagnon du tour de FranceJeanne. Tous ces ouvrages apparaissent comme la mise en œuvre du programme de Leroux : lutte contre les triples abus : de caste, de famille et de propriété ; prédication de la doctrine du progrès continu et de la « vie de l'homme dans l'humanité »119. La rencontre de George Sand avec l'écrivain prolétaire Agricol Perdiguier lui inspire le personnage de Pierre Huguenin, le héros de son roman Le Compagnon du tour de France, publié en 1840120. Ce roman prêchant l'un des dogmes de la théorie de Leroux, la guerre aux préjugés de caste et l'abolition des différends entre groupes sociaux, François Buloz, le directeur de la Revue des deux Mondes, propose tant de changements et de coupures que George Sand préfère reprendre son manuscrit et le publier en volume. Un an plus tard, il refuse de faire paraître son nouveau roman, Horace, dans sa revue121.

En 1841, George Sand fonde avec Pierre Leroux et Louis Viardot La Revue indépendante122. De 1841 à 1844, elle publie dans cette revue des romans : HoraceConsueloJean ZyskaProcope le GrandLa Comtesse de RudolstadtIsidora, ainsi que divers articles123. Elle se lie d'amitié avec des poètes prolétaires, comme le maçon Charles Poncy de Toulon, le père Magu et son gendre, le serrurier Jérôme Gilland, pour lesquels elle écrit des préfaces à leurs ouvrages ; ils apparaissent comme une preuve visible de la théorie de Leroux sur le progrès continu et la perfectibilité de l'humanité124. Le père Magu inspire à George Sand le personnage d'Audebert dans son roman La Ville noire, publié en 1860125.

Frédéric Chopin

George Sand vers 1835. Pastel de Charles Louis Gratia. Collection particulière.

George Sand rencontre Frédéric Chopin dans les tout derniers mois de 1836, par l'intermédiaire de Franz Liszt et de Marie d'Agoult. Leur liaison commence au mois de juin 1838. À cette époque, Eugène Delacroix peint le double portrait de Sand écoutant Chopin au piano126.

À la fin de l'année 1838, George Sand et ses deux enfants partent pour Majorque et Frédéric Chopin les rejoint au cours de leur trajet à Perpignan127. À Barcelone, George Sand visite le palais de l'Inquisition en ruines. Impressionnée par les lieux, elle y fait allusion dans son roman La Comtesse de Rudolstadt128. Arrivés à Palma de Majorque, les voyageurs sont ravis par le cadre enchanteur de l'île, mais ils éprouvent de grandes difficultés pour se loger, en raison de l'absence d'hôtels et de chambres meublées. Tuberculeux, Chopin voit sa santé se détériorer. Les visiteurs sont chassés de leur logement par les Majorquins, qui craignent le caractère contagieux de la maladie. Le 15 décembre 1838, George Sand et Frédéric Chopin se rendent à l'ancienne Chartreuse de Valldemossa, où ils sont hébergés dans des cellules monacales. Le site est magnifique, mais l'approvisionnement en nourriture est difficile, d'autant plus que les voyageurs sont en butte à l'hostilité des insulaires parce qu'ils n'assistent pas aux offices religieux. Le 13 février 1839, ils quittent l'île, rejoignent Barcelone après un périple éprouvant au cours duquel la santé de Chopin se dégrade encore. Leur séjour à Marseille permet au musicien de se rétablir et à la fin du mois de mai, ils arrivent à Nohant, où ils passent tout l'été129. George Sand publie un récit de ce voyage : Un hiver à Majorque (sur ce que révèle cette expédition, se reporter au chapitre : Le voyage à Majorque).

Plaque au no 5 square d'Orléans.
Jardin de George Sand à Nohant par Eugène Delacroix, 1842-1843.
Collection du Metropolitan Museum à New York130.

George Sand et Chopin résident l'été à Nohant et l'hiver à Paris, d'abord rue Pigalle, puis à partir de l'automne de 1842, au square d'Orléansrue Taitbout. En raison de la maladie de Chopin, leur liaison se transforme en une relation mère-fils72. Grâce à Chopin, le cercle des amis de George Sand s'élargit encore. Chopin reçoit des écrivains : Adam MickiewiczJulien-Ursin Niemcewicz, des musiciens : Giacomo MeyerbeerJoseph DessauerPauline Viardot et des membres de l'aristocratie polonaise en exil : Adam Jerzy CzartoryskiDelfina Potocka131.

Mais Frédéric Chopin se comporte comme un compagnon absorbant et tyrannique72. Les malentendus deviennent fréquents, d'autant plus que les enfants de George Sand grandissent et s'imposent comme des individualités132. Maurice prend à cœur tous les désaccords entre sa mère et Chopin et les rapports entre le musicien et Maurice deviennent hostiles. À partir du printemps de 1846, George Sand héberge à Nohant une jeune cousine de sa famille maternelle, Augustine. Sa fille Solange et Chopin détestent Augustine, tandis que Maurice, son ami d'enfance, est toujours prêt à prendre sa défense133.

Sur ce fond de discordes, des moments de détente sont privilégiés : pendant que Chopin improvise au piano, Solange, Augustine et Maurice miment des scènes et dansent des ballets comiques. Les hôtes séjournant à Nohant, comme Emmanuel Arago et Louis Blanc participent aussi à ces divertissements. Après le départ de Chopin pour Paris, ces pantomimes prennent le caractère de véritables pièces de théâtre, dans le genre de la Commedia dell'arte. Elles seront publiées en recueil134 et sont à l'origine du théâtre de Nohant. Ce même théâtre est décrit en détail par George Sand dans son roman Le Château des Désertes, où Maurice Sand lui inspire le personnage de Celio Floriani et Augustine celui de Cécile, qui interprète le rôle de la Donna Elvira135. Citons également Frédéric Chopin, reconnaissable à travers le personnage du prince Karol, dans l'ouvrage de George Sand, Lucrezia Floriani, édité en 1846136.

Un projet de mariage s'ébauche au mois de novembre 1846, entre Solange Sand et un hobereau berrichon, Fernand des Préaulx137. En janvier 1847, George Sand est présentée au sculpteur Auguste Clésinger, pendant un séjour à Paris et visite son atelier. En février, George Sand et sa fille se voient proposer la réalisation de leur buste par l'artiste. Celui-ci s'éprend de Solange et la réciprocité est immédiate, alors que dans le même temps, George Sand prépare l'union de sa fille avec Fernand des Préaulx. Quelques semaines plus tard, Solange rompt ses fiançailles la veille de signer son contrat de mariage et impose son nouveau prétendant, malgré le désaveu de sa mère138. George Sand s'incline et le 19 mai 1847, Solange épouse Auguste à Nohant139. Le 11 juillet, le couple très endetté demande en vain une aide financière à George Sand. À la suite de sa décision, une violente altercation se produit entre Auguste Clésinger et Maurice Sand et ce, malgré l'intervention de la romancière. George Sand congédie sur-le-champ sa fille et son gendre140. En raison de sa méfiance maladive, Frédéric Chopin donne crédit aux calomnies rapportées par Solange sur sa mère et met fin à sa liaison de dix années avec George Sand141,142.

L'esprit imaginatif de George Sand transpose le tempérament de sa fille et le traitement qu'elle inflige à son premier fiancé dans Mademoiselle Merquem en 1868. Dans cet ouvrage, une jeune fille, dont le prénom masculin est féminisé, Erneste du Blossay, ressemble à Solange sous une forme caricaturale et aux traits forcés : ambitieuse, capricieuse, têtue et rusée. C'est une constante chez George Sand de faire apparaître dans son œuvre littéraire des jeunes femmes qui ne sont pas sans rappeler la personnalité de Solange143.

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Entourage de George Sand..

L'engagement politique

George Sand en 1850. Fusain de Thomas Couture.

En 1844, George Sand fonde un journal local, l'Éclaireur de l'Indre, dont le premier numéro paraît le 14 septembre144. Elle publie dans ce journal plusieurs articles en 1844 et 1845, notamment la lettre d'introduction aux fondateurs le 14 septembre 1844, sur les ouvriers boulangers de Paris le 28 septembre, la lettre d'un paysan de la Vallée Noire aux rédacteurs de l'Éclaireur écrite sous la dictée de Blaise Bonnin les 5 et 12 octobre, la lettre au sujet de la pétition pour l'organisation du travail le 9 novembre, trois articles sur la politique et le socialisme les 16, 23 et 30 novembre, un compte rendu de l'Histoire de dix ans de Louis Blanc le 18 janvier 1845, la préface du livre de Jules Néraud : Botanique de l'enfance le 15 mars suivant145.

Des relations amicales s'établissent entre Louis Blanc et George Sand, qui songe même à lui faire épouser sa fille, mais ce projet échoue146. George Sand écrit également deux articles sur l'Histoire de la Révolution de Louis Blanc, en 1847 dans le Siècle et en 1865 dans l'Avenir national147. Au mois de novembre 1844, Louis Blanc prie George Sand de collaborer au journal qu'il a fondé, la Réforme148. Dans ce journal paraît successivement en 1845, son roman Le Meunier d'Angibault, l'article sur la Réception de Sainte-Beuve à l'Académie et en 1848, celui sur l'Élection de Louis-Napoléon à la présidence de la République147. À cette époque, George Sand noue des relations épistolaires ou personnelles avec BarbèsMazziniBakounineLouis BonapartePauline Roland, les frères Étienne et François Arago149.

George Sand se réjouit de la chute du roi Louis-Philippe et de la fin de la Monarchie de Juillet le 24 février 1848, affichant son engagement politique socialiste. La deuxième République est proclamée. La romancière arrive à Paris le 20 mars150 et participe aux nouveaux journaux républicains comme le Bulletin de la Républiquela Cause du peuple avec Louis Viardot et la Vraie République. Une émeute se produit à la suite de la manifestation du 15 mai 1848 et l'Assemblée constituante nouvellement élue, mais conservatrice, est envahie par la gauche républicaine. Cette insurrection est réprimée et les dirigeants socialistes sont arrêtés dont Armand BarbèsAuguste BlanquiAlexandre Martin surnommé « l'ouvrier Albert », François-Vincent RaspailPierre Leroux. Ce sont les premières arrestations politiques du régime. Face à l'échec de cette journée, George Sand se retire à Nohant le 18 mai, alors que ses amis souhaitent pour assurer sa sécurité, qu'elle quitte la France pour l'Italie151. Même si George Sand se défend de toute participation à la protestation du 15 mai151, son départ est d'autant plus nécessaire, que les incarcérations se poursuivent. George Sand réside à Nohant pendant plus d'un an, où elle bénéficie de la protection bienveillante d'Alexandre Ledru-Rollin. Les événements politiques se précipitent avec la fermeture des ateliers nationaux qui engendre une insurrection le 22 juin 1848. L'armée commandée par le général Eugène Cavaignac, ministre de la Guerre investi des pleins pouvoirs par l'Assemblée, écrase dans le sang avec l'appui de la Garde nationale, les insurgés du 23 au 26 juin. L'échec de la Révolution de 1848 marque l'arrêt de l'activité militante de George Sand et l'amorce des désillusions. Le bonheur des peuples est-il une utopie, un idéal inaccessible ? L'avenir lui donne malheureusement raison. Avec l'arrivée au pouvoir de Louis Napoléon Bonaparte et son coup d'État du 2 décembre 1851, ce sont de nouveau les arrestations, les déportations, la censure, qui s'abattent sur le pays. Deux cents députés sont emprisonnés dont Adolphe Thiers. George Sand décide alors de prendre fait et cause pour les condamnés et prisonniers politiques. Elle entreprend de multiples démarches en leur faveur, au cours des mois de janvier et février 1852. Elle écrit plusieurs lettres à l'Empereur qui finit par lui accorder deux audiences dont la première a lieu le 30 janvier 1852152. George Sand plaide pour une amnistie générale. Son geste sera vain, Napoléon III lui accorde de rares remises de peine. La censure empêche l'écrivain de s'exprimer dans la presse. De ce fait, elle manifeste sa pensée à travers ses romans, sa correspondance et le théâtre.

Alexandre Manceau

Alexandre Manceau (1817-1865) vêtu de sa blouse d'artiste. Portrait d'Auguste Lehmann en date du 8 octobre 1849. Musée de la vie romantique à Paris.
La propriété de George Sand et Alexandre Manceau à Palaiseau.
En 1858, Juliette Adam publie un essai féministe remarqué : Idées anti-proudhoniennes sur l'amour, la femme et le mariage, virulente défense de George Sand et de Marie d’Agoult. Chantre du féminisme, elle devient l'amie de George Sand qui la considère comme sa « fille adoptive ». Dès lors, Juliette intègre le cercle intime de son salon à Nohant.

1849, « mon cœur est un cimetière »153, laisse échapper amèrement George Sand. La rupture avec sa fille Solange en 1847 est un véritable drame pour la romancière. Les disparitions se succèdent autour d'elle : sa petite-fille Jeanne meurt en bas-âge le 6 mars 1848 à Pompiey, son demi-frère Hippolyte Chatiron le 23 décembre 1848 à Montgivray, son amie l'actrice Marie Dorval le 20 mai 1849 à Paris, son ancien compagnon Frédéric Chopin le 17 octobre suivant, à Paris également. Après les législatives de 1849, les idées progressistes sont étouffées et la répression est féroce : interdiction des clubs, suspension des députés républicains, restrictions à la liberté de la presse154...

George Sand se replie sur elle-même. L'existence est cruelle et les pensées sont toujours aussi sombres ; n'a-t-elle pas déjà écrit à Bocage : « La vie est une longue blessure qui s’endort rarement et ne se guérit jamais »155 ? Elle vient juste de terminer un nouveau roman champêtre, La Petite Fadette. Une rencontre en cette fin du mois de décembre 1849, à Nohant, va bouleverser sa vie. Noël 1849, Maurice Sand présente à sa mère un ami graveur et auteur dramatique, Alexandre Manceau.

Tout semble pourtant les opposer. Il est âgé de trente-deux ans et elle, quarante-cinq. Lui est inconnu, d'un rang social moins élevé que George Sand, il est le fils d'un marchand limonadier. Elle, descendante du maréchal de Saxe mais aussi d'une filiation d'origine populaire par sa mère, est au faîte de sa célébrité. Alexandre Manceau se montre très attentif auprès de celle qu'il admire. Il s'est très vite intégré au cercle fermé de l'écrivain et participe activement aux activités théâtrales de Nohant. Intelligent, prévenant et patient, Alexandre attend son heure. George Sand officialise sa nouvelle liaison dans une correspondance adressée à son éditeur, Pierre-Jules Hetzel, à la fin du mois d'avril 1850156 :

« Oui, je l'aime lui ! C'est un ouvrier qui fait son métier en ouvrier parce qu'il veut et sait gagner sa vie. Il est incroyablement artiste par l'esprit. Son intelligence est extraordinaire mais ne sert qu'à lui. Qu'est ce que ça me fait après tout, qu'il ne plaise pas aux autres, pourvu qu'il me plaise à moi. Lui, il pense à tout ce qu'il faut, et se met tout entier dans un verre d'eau qu'il m'apporte ou dans une cigarette qu'il m'allume […] Quand je suis malade, je suis guérie, rien que de le voir me préparer mon oreiller et m'apporter mes pantoufles. Moi, qui ne demande et n'accepte jamais de soins, j'ai besoin des siens, comme si c'était dans ma nature d'être choyée […] Enfin je l'aime, je l'aime de toute mon âme, avec ses défauts, avec les ridicules que les autres lui trouvent, avec les torts qu'il a eus et les bêtises qu'il a faites et que je sais par lui. […] Je suis comme transformée, je me porte bien, je suis tranquille, je suis heureuse, je supporte tout, même son absence, c'est tout dire, moi qui n'ai jamais supporté cela […] Je l'aime avec tout ce qu'il est, et il y a un calme étonnant dans mon amour malgré mon âge et le sien […] Car il aime, il aime, voyez-vous, comme je n'ai vu aimer personne. »

George Sand s'installe dans une relation apaisée avec Alexandre Manceau. Il est, pendant quinze ans, à la fois son amant et son secrétaire153. Manceau rédige un journal sur des agendas à partir de 1852 et qui, pour la postérité, seront connus par ce nom (voir le chapitre : Agendas). Il commence bien souvent le texte par un « Madame va bien » et consigne le quotidien de ce ménage hors norme. George Sand complète les recueils par quelques notes. Cette liaison est prolifique pour George Sand et elle écrit, au cours de cette période, près de cinquante ouvrages, dont une vingtaine de romans et des pièces de théâtre157. Il lui offre une chaumière à Gargilesse, sur les bords de la Creuse pour abriter leurs amours. Mais c'est sans compter sur l'animosité du fils « adoré », Maurice Sand. Ce dernier n'a jamais accepté la relation entre son ami et sa mère et exige le départ de Manceau. Le couple quitte donc Nohant pour se réfugier à Palaiseau en juin 1864. Malheureusement, ils ne profitent pas longtemps de cette intimité retrouvée. Alexandre Manceau a contracté la tuberculose depuis plusieurs années et sa fin est proche. Jusqu'au bout, George Sand soigne et veille Alexandre, son dernier bien-aimé. Il s'éteint à six heures du matin le lundi 21 août 1865 à Palaiseau, après avoir murmuré quelques mots153.

Alexandre Manceau est inhumé civilement dans le cimetière de l'église Saint-Martin, le mercredi 23 août 1865, en présence d'une centaine d'ouvriers venus lui rendre un dernier hommage. Maurice a fait le voyage et soutient sa mère mais Solange est absente. Quant à la mère d'Alexandre, elle ne s'est pas déplacée, parce que son fils ne s'est pas confessé153. En 1867, George Sand se réinstalle définitivement à Nohant et choisit pour chambre celle qu'occupait Manceau. Au mois d'avril 1869, elle vend la maison de Palaiseau. En 1886, le cimetière de Palaiseau est déplacé et la tombe d'Alexandre Manceau est détruite. Jusqu'au bout, le sort se sera acharné sur l'infortuné graveur158.

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Galerie Alexandre Manceau

Les dernières années

Gustave Flaubert (vers 1856).

George Sand est contrainte d'écrire pour le théâtre à cause d'embarras financiers. À Nohant, il lui arrive même d'exercer les fonctions de médecin de village, ayant étudié avec son premier précepteur, le docteur Deschartres, l'anatomie et les remèdes à base de plantes. Mais elle ne se cantonne pas à Nohant, voyageant aussi bien en France, et notamment chez son grand ami Charles Robin-Duvernet au château du Petit Coudray, ou à l'étranger.

George Sand rencontre pour la première fois Gustave Flaubert, son cadet de 17 ans, le 30 avril 1857 au Théâtre de l'Odéon, mais c’est seulement en 1863 qu’ils font connaissance lors d'un des célèbres dîners littéraires au restaurant Magny. George Sand est la seule femme admise à ces fameux repas, au cours desquels elle retrouve Théophile Gautier, les frères Jules et Edmond GoncourtErnest RenanHippolyte Taine et ce sont Alexandre Dumas fils et Charles-Augustin Sainte-Beuve qui les présentèrent l'un à l'autre. Leur correspondance assidue débute cette même année et une formidable amitié s'établit entre l'auteur de Consuelo et celui de Madame Bovary. Un attachement indéfectible qui prend naissance à la fin de l'année précédente le 24 novembre 1862, date à laquelle est publié le roman historique Salammbô de Flaubert. George Sand fustige les critiques de ses confrères, dont Sainte-Beuve, et prend la défense de l'écrivain normand par un article enthousiaste sur trois colonnes paru dans La Presse dont le directeur est Émile de Girardin, le 27 janvier 1863 : « Oui mon cher ami, j'aime Salammbô, parce que j'aime les tentatives et parce que… j'aime Salammbô. J'aime qu'un écrivain lorsqu'il n'est pas forcé par les circonstances ou entraîné par son activité à produire sans relâche, mette des années à faire une étude approfondie d'un sujet difficile, et le mène à bien sans se demander si le succès couronnera ses efforts. Rien n'est moins fait pour caresser les habitudes d'esprit des gens du monde, des gens superficiels, des gens pressés, des insouciants en un mot, c'est-à-dire de la majorité des lecteurs, que le sujet de Salammbô. L'homme qui a conçu et achevé la chose a toutes les aspirations et toutes les ferveurs d'un grand artiste »159,160. Flaubert très touché par sa prise de position, l'en remercie vivement et George Sand lui écrit en retour, l'invitant à venir la voir.

Elle refuse la Légion d'honneur en 1873 et répond avec humour au ministre Jules Simon qui lui propose la décoration161 :

« Ne faites pas cela, cher ami ; non, ne faites pas cela, je vous en prie ! Vous me rendriez ridicule. Vrai, me voyez-vous avec un ruban rouge sur l'estomac ? J'aurais l'air d'une vieille cantinière ! »

Contrairement à son ancien époux Casimir Dudevant qui, quatre ans plus tôt le 16 mai 1869, écrit à l'empereur Napoléon III, dans l'espoir d'obtenir cette Légion d'honneur162,163,164 :

« Le baron Casimir Dudevant, ancien officier du premier Empire à Sa Majesté l'Empereur des Français […] J'ai pensé que l'heure était venue de m'adresser au cœur de votre Majesté pour en obtenir la récompense honorifique que je crois avoir méritée. Sur le soir de mes jours, j'ambitionne la croix de la Légion d'Honneur. C'est là, la faveur suprême que je sollicite de votre magnificence impériale. En demandant cette récompense, je m'appuie non seulement sur mes services depuis 1815, au pays et au pouvoir établi, services sans éclat, insignifiants peut-être, mais encore sur les services éminents rendus par mon père depuis 1792 jusqu'au retour de l'île d'Elbe. Bien plus, j'ose encore invoquer des malheurs domestiques qui appartiennent à l'Histoire. Marié à Lucile Dupin, connue dans le monde littéraire sous le nom de George Sand, j'ai été cruellement éprouvé dans mes affections d'époux et de père, et j'ai la confiance d'avoir mérité le sympathique intérêt de tous ceux qui ont suivi les événements lugubres qui ont signalé cette partie de mon existence. »

Bien entendu, Napoléon III ne donne pas suite à la demande du baron, dont la dernière motivation de son courrier au sujet des malheurs conjugaux est pour le moins surprenante. À la décharge de Casimir Dudevant, la maladie altérait ses facultés intellectuelles et devait l'emporter deux ans plus tard165, le 8 mars 1871 à Barbaste.

George Sand continue d'écrire un à deux romans par an, mais commence à souffrir de douleurs abdominales. Le 23 mars 1876, elle complète à Nohant, son testament du 17 juillet 1847. Au mois d'avril, son mal empire, mais elle n'en parle encore à personne. Le 28 mai, elle écrit à son médecin, Henri Favre : « Je me demande où je vais et s'il ne faut pas s'attendre à un départ subit un de ces matins. J'aimerais mieux le savoir tout de suite que d'en avoir la surprise »166. Le 30 mai, les douleurs s'accentuent, la souffrance est difficilement supportable. Son fils Maurice arrive à Nohant et demande l'intervention du docteur Gustave Papet, l'ami fidèle de George Sand. La famille se rend également au domaine : sa fille Solange Clésinger puis les neveux de la romancière, Oscar Cazamajou, fils de Caroline Delaborde et René Simonnet, fils de Léontine Chatiron. George Sand est à présent alitée et les médecins se succèdent à son chevet167. Leurs soins soulagent la douleur, mais de manière ponctuelle. La fin est proche, George Sand en est consciente. Le 3 juin, elle fait venir auprès d'elle ses deux petites-filles, Aurore et Gabrielle. À partir du 4 juin, les symptômes s'aggravent. Le 6 juin, les fidèles sont présents, tels qu'Edmond Planchut, Émile Aucante et Henri Amic. Le 7 juin, George Sand est toujours lucide et demande une dernière fois ses petites-filles pour les embrasser. Le soir de ce même 7 juin, elle murmure à Solange, qui lui prodigue les soins, et à sa belle-fille Lina Calamatta : « Adieu, adieu, je vais mourir »167. Le 8 juin, vers 6 heures du matin, elle cherche du regard la lumière, Solange positionne alors le lit de sa mère vers la fenêtre. George Sand a encore la force de prononcer quelques mots et perd connaissance167. Son agonie dure près de quatre heures. Elle meurt d'une occlusion intestinale dans sa 72e année et son décès est constaté à dix heures du matin168, ce jeudi 8 juin 1876 au château de Nohant.

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Domaine de Nohant par le photographe Placide Verdot (1827-1889), le 26 avril 1875. Photographie de gauche, George Sand sous une ombrelle, entourée de ses deux petites-filles, Aurore et Gabrielle, et en face son fils Maurice Dudevant-Sand avec son épouse Lina Calamatta. Photographie de droite, Lina Calamatta est sous le cèdre à gauche, debout et appuyée sur une chaise. Son époux Maurice Sand porte un chapeau haut de forme blanc. Leurs deux filles sont également présentes : Aurore est debout, les mains dans un buisson et Gabrielle est assise sur une chaise pliante.

George Sand écrivain

Genèse

Le cabinet de travail et la bibliothèque de George Sand, au château de Nohant.
La couverture de l'ouvrage Rose et Blanche ou La comédienne et la religieuse (Tome 4) par J. Sand.
Deux femmes sont représentées assises sur un banc dont l'une est religieuse. Signature en bas à droite de l'auteur du dessin : Lorentz.

George Sand est la seule femme du premier groupe d'écrivains du xixe siècle qui ont pu vivre de leur plume en France169. Pouvoir vivre de sa plume est la conséquence de l'alphabétisation de la population grâce aux lois successives en faveur de l'éducation dont les plus importantes voient le jour avec la loi Guizot à partir de 1833 et la création des écoles dans les communes de plus de 500 habitants. Tout au long de ce siècle, l'illettrisme va reculer et l'accès pour tous à l'école connait son apogée avec les lois de Jules Ferry. Dès la monarchie de Juillet, ce nouveau lectorat , composé notamment de la classe ouvrière, souhaite acquérir des ouvrages au moindre coût170. L'imprimerie, parallèlement avec les nouvelles innovations techniques, va permettre au plus grand nombre d'accéder à ses attentes171. Autre demande du public, les romans populaires, ceux qui vont le passionner, l'emporter vers de nouveaux horizons, afin d'oublier un temps ses conditions misérables, le faire frémir ou larmoyer172. Ces envies reçoivent un écho favorable avec l'émergence de nouveaux écrivains comme Victor HugoHonoré de BalzacAlexandre Dumas ou George Sand171,172. Mieux, à travers leurs fictions, se dessinent des prises de positions politiques et sociales contre l'ordre établi173 : « Il n'y a que deux puissances au monde, le sabre et l'esprit : à la longue, le sabre est toujours vaincu par l'esprit » selon la citation célèbre de Napoléon Ier ou cette maxime de l'auteur britannique Edward Bulwer-Lytton en 1839 pour sa pièce, Richelieu : « la plume est plus puissante que l'épée ».

L'œuvre de George Sand est impressionnante et elle écrit sans discontinuer de 1830 jusqu'à sa mort, survenue en 1876. Sa création littéraire ne se limite pas aux seuls romans, dont le nombre considérable dépasse les soixante-dix ouvrages. La romancière est en effet prolifique dans tous les domaines de l'écriture : nouvelles, contes, pièces de théâtre, textes politiques et articles de presse.

Élève au couvent des Anglaises, la jeune Aurore Dupin adapte une pièce de MolièreLe Malade imaginaire qui lui permet d'organiser des soirées théâtrales devant la communauté religieuse174. Quelques années après son mariage avec François Casimir Dudevant, Aurore Dupin annonce à sa belle-mère, Gabrielle Louise de la Porte de Sainte-Gemme baronne Dudevant (1772-1837), son intention d'écrire. Gabrielle de la Porte n'a jamais manifesté le moindre sentiment d'affection envers sa belle-fille et elle lui a interdit de compromettre son nom sur les couvertures de ses livres : « Vous ne le ferez pas sous notre nom, ma fille ? », Aurore lui répond : « N'ayez crainte, ma mère »175.

En 1829, elle fait ses premiers essais littéraires avec successivement : Voyage chez Mr. BlaiseVoyage en Auvergne et Voyage en Espagne. Cette même année au mois d'août, elle réalise un ouvrage pour une ancienne camarade de couvent, Jane Bazouin, sous le titre de La Marraine. Au commencement de 1830, elle écrit Histoire du rêveur puis en 1831, Aimée. Aurore demande l'avis d'un homme de lettres à la mode, Auguste Hilarion de Kératry, qui désapprouve le livre. De rage, elle brûle l'œuvre176.

Son premier roman Rose et Blanche, est l'histoire d'une comédienne et d'une religieuse où le personnage principal montre un caractère déterminé. L'ouvrage projette l'amour au premier plan et le développement de l'individu au second plan. Quant aux héroïnes, leur opposition emprunte aux contradictions de l'auteur qui vient à peine de choisir entre le couvent où elle a connu une crise de mysticisme et le monde extérieur. Le roman a pour cadre les Pyrénées, où l'auteur a fait la connaissance, à Cauterets en juillet-août 1825, d'un jeune substitut de vingt-six ans, Aurélien de Seze, à Bordeaux où ils se sont retrouvés et le pays d'Albret où elle effectue plusieurs séjours à partir du mois de septembre 1825, dans le château de Guillery à Pompiey près de Nérac, propriété de la famille Dudevant. En marge des lieux qui servent de fond au roman Rose et Blanche, la liaison avec de Seze donne l'occasion à la jeune baronne Aurore Dudevant d'écrire le 15 novembre 1825, l'histoire détaillée sur dix-huit pages grand format de son roman d'amour avec Aurélien, intitulée : Confession de Madame Dudevant à son mari (collection Charles de Spoelberch de Lovenjoul).

Rose et Blanche est écrit de septembre à novembre 1831 avec la participation de Jules Sandeau, amant d'Aurore. L'ouvrage est signé sous le pseudonyme de J. Sand qui évoque Jules Sandeau177.

Toujours en 1831, la collaboration avec Sandeau donne le jour à la publication de plusieurs nouvelles : Molinara (non signée, publiée dans Le Figaro le 3 mars), Vision (non signée, publiée dans Le Figaro le 5 mars)178La Prima Donna (signée J. Sand, dans la Revue de Paris en avril), La Fille d’Albano (signée J.S., dans La Mode du 15 mai) et Le Commissionnaire, œuvre posthume d'Alphonse Signol (publiée en septembre). Elle ébauche aussi au mois de juin 1831 un drame, Une conspiration en 1537.

La question du nom d'emprunt s'est posée avec le nouveau roman Indiana où la romancière écrit seule l'ouvrage et vient de le terminer au printemps 1832 à Nohant. La publication a lieu le 18 mai 1832. L'éditeur, pour des raisons commerciales évidentes, souhaite reprendre le pseudonyme Jules Sand mais Jules Sandeau est d'un avis opposé. Henri de Latouche est sollicité et décide par un arrangement : le nom de Sand est préservé et un autre prénom serait attribué à Aurore. Cette dernière s'était pourtant rangée à l'avis de l'éditeur mais comme elle s'en explique179 :

« Le nom que je devais mettre sur des couvertures imprimées ne me préoccupa guère. En tout état de choses, j'avais résolu de garder l'anonyme. Un premier ouvrage fut ébauché par moi, refait en entier ensuite par Jules Sandeau, à qui Delatouche fit le nom de Jules Sand. Cet ouvrage amena un autre éditeur qui demanda un autre roman sous le même pseudonyme. J'avais écrit Indiana à Nohant, je voulus le donner sous le pseudonyme demandé ; mais Jules Sandeau, par modestie, ne voulut pas accepter la paternité d'un livre auquel il était complètement étranger. Cela ne faisait pas le compte de l'éditeur. Le nom est tout pour la vente, et le petit pseudonyme s'était bien écoulé, on tenait essentiellement à le conserver. Delatouche, consulté, trancha la question par un compromis : Sand resterait intact et je prendrais un autre prénom qui ne servirait qu'à moi. Je pris vite et sans chercher celui de George qui me paraissait synonyme de Berrichon. Jules et George, inconnus au public, passeraient pour frères ou cousins. »

Romancière

De la carrière littéraire de George Sand, quatre périodes sont à distinguer :

  • de 1832 à 1840, elle écrit des œuvres romantiques dans lesquelles elle décrit les passions qui animent son existence. Elle exprime des revendications féministes et se révolte contre les préjugés sociaux.
  • à partir de 1840, elle publie des romans d’inspiration socialiste180 ou mystique181.

Ainsi Gustave Kahn182 écrit-il : « George Sand, ce grand lac tranquille où se mirèrent tant de reflets, traduisit les idées de Pierre Leroux ; l’intention du roman social et du roman socialiste exista chez elle, après qu’elle eut terminé sa série de romans féministes. ».

  • elle rédige par la suite des romans champêtres et régionalistes qui se situent dans le Berry et répond en cela à l'intérêt croissant de nombreux Français au xixe siècle pour les coutumes paysannes183. Elle donne le meilleur d'elle-même et c'est dans ce contexte qu'il faut situer ses chefs-d'œuvre.
  • avec la maturité, elle revient aux œuvres romanesques mais les thèses audacieuses de ses débuts laissent la place à des idylles aimables.

Chez les romantiques, au moment où Sand commence à écrire, « la vision de la femme [...] est avant tout essentialiste : la femme est fondamentalement différente de l'homme, parce que la nature lui a donné un autre rôle, une autre fonction »184Indiana va à l'encontre de cette manière de voir. À travers son personnage principal, l'auteur dénonce la place réservée à la femme dans le couple bourgeois. Elle s'affirme comme la voix d’un féminisme moderne pour lequel elle ne cesse de combattre. Le roman obtient un succès immédiat.

Le 10 août 1833 est publié Lélia, une œuvre lyriqueallégorique et très originale, mais qui déchaîne les passions et par voie de conséquence, bouleverse l'existence de George Sand jusque-là si discrète. Elle est sollicitée, courtisée, enviée ou observée avec curiosité et devient un écrivain à la mode185. Dans ce roman, George Sand transpose son amitié pour Marie Dorval qui sert à élaborer le personnage de Pulchérie.

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Les héroïnes dans l'imaginaire sandien.

Études et regards critiques

Jugements sur la femme auteur

De son vivant, George Sand fait l'objet d'attaques misogynes d'une grande virulence, caractéristiques des jugements masculins de l'époque sur les femmes qui prétendaient faire œuvre littéraire. Silvia Lorusso distingue trois types de misogynie littéraire. Le premier a une motivation sociale : la femme doit se consacrer entièrement à la sphère domestique et toute activité littéraire est pour elle une distraction coupable. Le deuxième montre une motivation morale : les romans écrits par des femmes étalent nécessairement des sentiments excessifs et des passions dangereuses contraires à la morale, puisque susceptibles de faire l'apologie de l'adultère. Le troisième s'enracine dans une conception sexiste des capacités de l'esprit des deux sexes : le génie littéraire ne peut être que mâle. L'ensemble de ces critiques misogynes tendent à confondre l'œuvre et l'auteur : Sand est accusée d'être animée par des passions excessives.

Citations de ces grandes voix du xixe siècle qui tiennent sur George Sand des propos acerbes :

Chateaubriand lui reconnaît un génie qui « a quelque racine dans la corruption » et qui ne saurait excuser « la dépravation »« l’insulte à la rectitude de la vie » qu’on trouve dans ces ouvrages, tout ce qui en somme « blesse la morale »186.

Charles Baudelaire, dans Mon Cœur mis à nu : « […] Elle n'a jamais été artiste. Elle a le fameux style coulant, cher aux bourgeois. Elle est bête, elle est lourde, elle est bavarde ; elle a dans les idées morales la même profondeur de jugement et la même délicatesse de sentiment que les concierges et les filles entretenues »187. Il ajoute, non sur l'auteur, cette fois, mais sur la femme : « Que quelques hommes aient pu s'amouracher de cette latrine, c'est bien la preuve de l'abaissement des hommes de ce siècle »187.

Eugène Delacroix apprécie la personne mais fait peu de cas de l’auteur. Il note en 1855 que « la pauvre femme a bien besoin d’argent », ce qui explique qu’elle « écrit trop et pour de l’argent. » La dramaturge, quant à elle, est fort médiocre car elle se montre incapable de tirer parti des situations, intéressantes par ailleurs, qu’elle met en scène.  « Cette obstination à poursuivre un talent qui paraît lui être refusé [...] la classe, bon gré, mal gré, dans un rang inférieur188

Edmond de Goncourt, à propos de La Mare au diable : le diariste en août 1857, voit la preuve irréfutable que « les femmes ont le génie du faux »189. Le 8 décembre 1893, dans un accès de misogynie, il écrit : « […] Si on avait fait l’autopsie des femmes ayant un talent original, comme Mme Sand, Mme Viardot, etc… on trouverait chez elles des parties génitales se rapprochant de l’homme, des clitoris un peu parents de nos verges »190.

Dans Une Chambre à soi, l'auteur Virginia Woolf la cite au côté de George Eliot, comme un exemple regrettable de ces femmes auteurs, prisonnières des conventions sociales, qui firent le choix d’adopter un nom de plume masculin 191.

En 1902, Charles Maurras consacre son ouvrage Les Amants de Venise, à la relation que George Sand entretient avec Alfred de Musset. Analysant avec bienveillance les affres de leur passion, il décèle dans son issue tragique, la preuve des dérèglements du romantisme qui ne recherche l'amour que pour ses transports. Pour Maurras, les âmes éduquées par la société et élevées par la religion ne doivent s'adonner à l'amour qu'à des fins supérieures192.

La femme scandaleuse

George Sand vers 1860, par Nadar à Paris. Collection du Musée d'Orsay.

Il n'est pas exceptionnel, au xixe siècle, qu'une femme écrivain prenne un pseudonyme masculin pour écrire, les auteurs femmes étant méprisées193. En revanche, George Sand est la seule femme écrivain de son siècle dont les critiques parlaient au masculin et qui était classée non pas parmi les « femmes auteurs », mais parmi les « auteurs », au même rang que Balzac ou Hugo.

De même, George Sand n'était pas la seule femme de son époque à s'habiller en homme afin de forcer les limites imposées aux femmes et d'accéder à des lieux interdits - fosses de théâtre, bibliothèques restreintes, procès publics193. D'ailleurs, George Sand, dans son autobiographie Histoire de ma vie, explique que ce fut d'abord pour des raisons pécuniaires qu'elle se mit à s'habiller en homme : se trouvant fort démunie à son arrivée à Paris (son mari avait gardé l'autorité sur sa fortune et sa propriété de Nohant), et les frais d'habillement étant moindres pour les hommes que pour les femmes, il lui fut plus économique de s'habiller en homme. C'était aussi plus confortable193. Autre précision : elle n'en faisait pas une habitude quotidienne, loin de là, et elle n'en restait pas moins femme, sachant plaire en tant que telle, contrairement à la « travestie » qu'on semble vouloir en faire de nos jours. Enfin, son costume masculin ne dissimulait pas sa féminité : la veste était cintrée, elle moulait son buste et ses hanches. Son allure filiforme évoquait le raffinement d'un dandy : son gilet blanc, sa lavallière soigneusement nouée, sa canne, ses bottes vernies, son haut-de-forme luisant, la confondaient par l'apparence avec les hommes des milieux d'artistes et d'intellectuels qu'elle aimait à fréquenter194.

S'il n'était pas exceptionnel qu'une femme se déguise en homme pour forcer les portes, la liberté d'esprit et de mœurs, la farouche indépendance, le refus total de l'idéal féminin imposé par les hommes de l'époque, le rejet du mariage (elle mariera toutefois sa fille Solange, son fils Maurice, ainsi qu'Augustine Marie Brault — Mme Charles de Bertholdi — une petite-cousine qu'elle a recueillie en 1845), la force inaltérable de sa volonté, toutes ces caractéristiques de Sand, tenaient, elles, de l'exceptionnel en effet et d'une personnalité hors du commun. Elle provoqua également le scandale par ses positions anticléricales, par sa demande en séparation de corps d'avec son mari, l'avocat Casimir Dudevant, ou en fumant en public cigarettes et cigares195.

Si aujourd'hui on la voit comme « la bonne dame de Nohant », douce et sans danger, il faut savoir qu'à ses débuts elle fait scandale, et elle fait peur. Le scandale d'ailleurs concernait bien moins ses attitudes que ses écrits : ses trois premiers romans, IndianaValentine et « l'abominable Lélia », comme l'appelait le critique Jules Janin dans son feuilleton du Journal des Débats, sont trois brûlots contre le mariage, dans lequel le mari est trompé, l'amant apparaît comme un lâche et la femme magnifiée par sa révolte contre les conventions sociales et le pouvoir masculin. Engagés pour la « réhabilitation de la femme », ainsi que George Sand le formulait, ses romans s'ouvrent ensuite à la révolte sociale en faveur des ouvriers et des pauvres (Le Compagnon du Tour de France), à la révolte politique contre la royauté et pour la République.

Le voyage à Majorque

Des aspects de l'œuvre de George Sand ou de son caractère sont cependant à nuancer. George Sand est désenchantée par son déplacement en Espagne en 1838, tant par l'accueil de ses habitants que par les conditions matérielles196. Dans son récit Un hiver à Majorque, la romancière manifeste son incompréhension par une description négative. Elle se livre à une charge en règle et peu objective contre les Majorquins, donnant ainsi à voir une forme d'intolérance196, penchant qu'elle prétend pourtant combattre. Une posture qui élève une vague de protestations en Espagne, notamment celle de José María Quadrado197 ou plus récemment, l'auteur Llorenç Villalonga198. Des journalistes soulignent également ce fait, comme Jules-Hippolyte Percher et Joséphine de Brinckmann199.

D'autre part, George Sand « a dû contracter auprès de Chopin une part de l'antisémitisme que ce dernier a rapporté de Pologne »200, comme elle l'exprime dans sa correspondance201 et son ouvrage, Un hiver à Majorque, au moment de sa relation amoureuse avec le musicien.

La base documentaire et des recherches de George Sand pour l'élaboration de son roman sont empruntées à la Bibliothèque nationale, notamment les écrits de Joseph Tastu202.

George Sand et la religion

Madame Dupin de Francueil, transmet à sa petite-fille Aurore, les idées philosophiques du siècle des Lumières et « la met en garde contre les dogmes et les superstitions […] Aurore fit sa première communion après une rapide instruction religieuse. Toutefois, en dépit de cette atmosphère peu propice aux convictions religieuses, l’enfant s’était créé une divinité, Corambé, tantôt homme, tantôt femme, qui tenait le milieu entre le christianisme et les dieux de l’Iliade et de l'Odyssée […] Au contact des réalités de l’existence, les convictions religieuses acquises au couvent des Augustines anglaises à la suite d’une expérience mystique vont s’effriter progressivement »203. Les sentiments de George Sand à l'égard de la religion transparaissent sans détour, dans l'une de ses correspondances204 :

« Nohant, le 13 novembre 1844. À M. …, curé de …205 »

« Monsieur le desservant. Malgré tout ce que votre circulaire a d'éloquent et d'habile, malgré tout ce que la lettre dont vous m'honorez a de flatteur dans l'expression, je vous répondrai franchement, ainsi qu'on peut répondre à un homme d'esprit.
Je ne refuserais pas de m'associer à une œuvre de charité, me fût-elle indiquée par le ministère ecclésiastique. Je puis avoir beaucoup d'estime et d'affection personnelle pour des membres du clergé, et je ne fais point de guerre systématique au corps dont vous faites partie. Mais tout ce qui tendra à la réédification du culte catholique trouvera en moi un adversaire, fort paisible à la vérité (à cause du peu de vigueur de mon caractère et du peu de poids de mon opinion), mais inébranlable dans sa conduite personnelle. Depuis que l'esprit de liberté a été étouffé dans l'Église, depuis qu'il n'y a plus, dans la doctrine catholique, ni discussions, ni conciles, ni progrès, ni lumières, je regarde la doctrine catholique comme une lettre morte, qui s'est placée comme un frein politique au-dessous des trônes et au-dessus des peuples. C'est à mes yeux un voile mensonger sur la parole du Christ, une fausse interprétation des sublimes Évangiles, et un obstacle insurmontable à la sainte égalité que Dieu promet, que Dieu accordera aux hommes sur la terre comme au ciel.
Je n'en dirai pas davantage ; je n'ai pas l'orgueil de vouloir engager une controverse avec vous, et, par cela même, je crains peu d'embarrasser et de troubler votre foi. Je vous dois compte du motif de mon refus, et je désire que vous ne l'imputiez à aucun autre sentiment que ma conviction.
Le jour où vous prêcherez purement et simplement l'Évangile de saint Jean et la doctrine de saint Jean Chrysostome, sans faux commentaire et sans concession aux puissances de ce monde, j'irai à vos sermons, monsieur le curé, et je mettrai mon offrande dans le tronc de votre église ; mais je ne le désire pas pour vous : ce jour-là, vous serez interdit par votre évêque et les portes de votre temple seront fermées.
Agréez, monsieur le curé, toutes mes excuses pour ma franchise, que vous avez provoquée, et l'expression particulière de ma haute considération. George Sand »

George Sand et l'antisémitisme

Selon Michel Dreyfus, historien et directeur de recherche au CNRS« George Sand exprime dans sa correspondance comme dans son œuvre un antisémitisme qui lui semble naturel »206.

Ainsi, dans une lettre datée du 26 février 1839 et adressée à Charlotte de Folleville, épouse de Manuel Marliani, George Sand raconte son séjour en Espagne « où Chopin a été bien soigné […] mais toujours persécuté et contristé par la bêtise, la juiverie et la grossière mauvaise foi de l'Espagnol »207. Dans cette même lettre, elle met en garde sa correspondante contre le baron Ferdinand d'Eckstein : « Soyez prudente, c'est un espion. Savant et philosophe autant qu'on voudra, mais juif, et saluant trop bas »207.

En 1848, dans une lettre adressée à son oncle René Vallet de Villeneuve, George Sand affirme que « la France est entre les mains juives, et si Jésus revenait, ces gens-là le remettraient en croix »208.

En 1857, dans une lettre adressée à son ami Victor Borie, George Sand caractérise le juif « par sa dureté de cœur pour quiconque n'est pas de sa race » et qui est « en train de devenir le roi du monde », tout en pronostiquant : « dans cinquante ans, la France sera juive. Certains docteurs israélites le prêchent déjà »208.

Dans le reste de son œuvre, le thème du Juif honni est récurrent.

Dans Lélia, roman de 1833, on trouve : « Il naquit riche, mais riche comme un prince, comme un favori, comme un juif. Ses parents s’étaient enrichis par l’abjection du vice »209.

Dans Les Mississippiens (1840), proverbe en trois actes de George Sand, le personnage juif de Samuel Bourset dont le patronyme transparent fait référence à la Bourse, vend sa fille Louise au plus offrant. Selon Chantal Meyer-Plantureux, professeure à l'université Caen-Normandie : « le juif de George Sand est un traître et qui plus est un juif qui ruine la France » et « qui préfigure tous les banquiers véreux »210. En effet George Sand fait dire à Julie, la femme de Samuel Bourset : « Je vous ai aidé jusqu’ici dans vos projets de fortune – dit-elle à son mari – ; j’ai partagé vos richesses et votre enivrement. J’ai même été vaine, ambitieuse, et j’en rougis ; mais vous aviez ennobli ce vice à mes yeux en me faisant croire que nous accomplissions une grande œuvre, que notre luxe faisait prospérer la France, et que nous étions au nombre de ses bienfaiteurs. Si je restais votre dupe un jour de plus, je serais forcée de me regarder comme votre complice, car je sais que nous ne sommes plus que des spoliateurs […]. Vous reprendrez tous les diamants que vous m’avez donnés ; je ne veux plus rien qui me rappelle que ces misérables jouets ont ruiné plus de cent familles »211.

En 1861, dans le roman Valvèdre, George Sand fait dire à l'un des personnages : « Le juif a instinctivement besoin de manger un morceau de notre cœur, lui qui a tant de motifs pour nous haïr »201.

Dans ses Lettres d’un voyageur de 1836, elle écrit : « Un agioteur juif aura beau imiter scrupuleusement l’élégance d’un dandy, on ne le confondra jamais avec le plus simplement vêtu des descendants d’une antique famille »212.

En 1842, George Sand publie Un hiver à Majorque, décrivant son séjour avec Chopin. Elle y estime que les juifs s'emparent de la richesse de l'île : dans vingt ans, ils « pourront s'y constituer à l'état de puissance comme ils l'ont fait chez nous »213.

La Commune de 1871

George Sand, républicaine et socialiste en 1848, rejoint en 1871 les écrivains qui condamnent la Commune de Paris, comme Gustave FlaubertEdmond de GoncourtThéophile GautierMaxime Du CampCharles Marie René Leconte de LisleAlexandre Dumas filsErnest RenanAlphonse DaudetErnest FeydeauÉmile Zola. Ce mouvement pour eux, est source de désordre : « La secousse brutale que constitua la Commune pour la société bourgeoise du xixe siècle, si bien incarnée par Thiers, ne pouvait en effet manquer d'amener les gens de lettres à réagir, à la fois en tant qu'individus appartenant à une classe sociale donnée, quoiqu'ils s'en défendent, et en tant qu'artistes, dont la conception de l'art est liée à un certain état social, à certaines valeurs remises en question par le mouvement révolutionnaire »214. George Sand manifeste une forte hostilité au mouvement de la Commune de Paris215. Elle se démarque de Victor Hugo qui prend la défense des insurgés et n'hésite pas à critiquer sa prise de position. Les termes employés par George Sand sont extrêmement durs : « Tout va bien pour les Versaillais. La déroute des Fédérés est complète. On ne peut plaindre l'écrasement d'une pareille démagogie […] Les exécutions vont leur train. C'est Justice et nécessité »216. Le 3 octobre 1871, George Sand cherche à justifier son attitude dans un article du journal Le Temps, en reprenant les arguments des conservateurs. La romancière propose comme solution l'éducation pour tous, afin d'éviter les dérives révolutionnaires. Mais la virulence des propos exprimés par les écrivains de l'époque, surprend encore aujourd'hui. George Sand redoute un retour de la monarchie et ne comprend pas que la Commune puisse prendre les armes contre la République naissante, même bourgeoise. Ses convictions légalistes ne voient dans la Commune que les destructions, les incendies et les exécutions des otages. Son soutien à Thiers et à la République conservatrice resteront incompris. C'est aussi le fossé qui se creuse entre Paris et la Province, entre les grandes cités et le monde rural. L'échec de la Révolution de 1848, les désillusions, le poids des années et la perte de la foi politique entraînent George Sand vers un repli sur elle-même.

Georges Le Rider, historien et administrateur général de la Bibliothèque nationale de France, résume bien les différentes approches que l'on peut avoir de l'écrivain217 :

« Le fait même qu'on porte sur elle, aujourd'hui encore, des jugements contradictoires témoigne de la richesse de sa personnalité et du caractère toujours actuel des problèmes qu'elle a posés. »

Mémoire

Hommages

Tombeau de George Sand. Domaine du château de Nohant.
Panneau Histoire de Paris; La maison natale de George Sand, rue Meslay
  • Honoré de Balzac l'a transposée dans le personnage de Félicité des Touches« l'illustre écrivain qui fume le narghilé », dans son roman Béatrix.
  • Victor Hugo a déclaré le 8 juin 1876 : « Je pleure une morte, je salue une immortelle ! ». Dans l'éloge funèbre qu'il lui consacre, et qui fut lu par Paul Meurice, il écrit : « Dans ce siècle qui a pour loi d'achever la Révolution française et de commencer la Révolution humaine, l'égalité des sexes faisant partie de l'égalité des hommes, il fallait une forte femme »218.
  • Fiodor Dostoïevski dans son Journal d'un écrivain en juin 1876 : « Les femmes de l’univers entier doivent à présent porter le deuil de George Sand, parce que l’un des plus nobles représentants du sexe féminin est mort, parce qu’elle fut une femme d’une force d’esprit et d’un talent presque inouïs. Son nom, dès à présent, devient historique, et c’est un nom que l’on n’a pas le droit d’oublier, qui ne disparaîtra jamais ».
  • Ernest Renan écrit au lendemain de la disparition de George Sand : « Une corde est brisée dans la lyre du siècle […] Madame Sand traversa tous les rêves ; elle sourit à tous, crut un moment à tous ; son jugement pratique put parfois s'égarer, mais comme artiste, elle ne s'est jamais trompée. Ses œuvres sont vraiment l'écho de notre siècle ».
  • Le poète américain Walt Whitman déclare, lors d'entretiens publiés en 1898, qu'il place George Sand parmi ses auteurs favoris, et qu’il admire tout particulièrement Consuelo. Il ajoute qu’il tient les héroïnes de l'auteur français pour supérieures à celles de Shakespeare. Quant aux reproches sur sa moralité, ils n'ont, selon lui, pas de sens chez une artiste
25 janvier 2021

Alertes - ACTUALITÉS - fascisme - 25 janvier 2021

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fascisme25 janvier 2021  

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25 janvier 2021

« Leur dette, mais votre problème ! » L’édito de Charles SANNAT

 Insolentiae
Décryptage impertinent, satirique et humoristique de l’actualité économique
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25 janvier 2021

La lettre d'information de la Ligue Nationale Pour la Liberté des Vaccinations

La lettre d'information de la Ligue Nationale Pour la Liberté des Vaccinations

bonjour

Nous vous adressons ce lien du Dr Astrid Stuckelberger, Expert en santé
publique internationale :
" Comprendre la gestion de la pandémie "
Source : La Tribune REINFO 27/12/20

https://www.youtube.com/watch?v=PPdtFBRM2Uc&feature=youtu.be

Une vidéo de 15 mn à voir absolument.

Bonne lecture

Cordialement

Florence Wurtz
Zone contenant les pièces jointes
Prévisualiser la vidéo YouTube Astrid Stuckelberger : Comprendre la gestion de la pandémie (La Tribune REINFO 27/12/20)
Astrid Stuckelberger : Comprendre la gestion de la pandémie (La Tribune REINFO 27/12/20)
RépondreTransférer
25 janvier 2021

Charles Hoareau - Dernières infos et carte 2021- ancdefrance@orange.fr

  Michel Peyret <michel.peyret@gmail.com>

Dernières infos et carte 2021

ancdefrance@orange.fr <ancdefrance@orange.fr> 25 janvier 2021 à 00:19
À : ancdefrance@orange.fr

Bonjour

 

Ce week-end a été chargé en luttes et en émotion pour les membres de l’ANC :

Samedi 14h : rassemblement à Paris devant Paris Habitat en soutien aux locataires de cet organisme « social » géré par la mairie de Paris…qui refuse tout dialogue

Samedi 15h : participation à la manifestation nationale pour l’emploi et contre les licenciements à l’appel de plusieurs organisations de la CGT.

Samedi 15h : Hommage à Krasucki avec le film de Mourad Laffitte « Une jeunesse parisienne en résistance » suivi d’un débat organisé par le Cercle Manouchian avec Pierre Krasucki et Jean-Pierre PAGE. A samedi soir plus de 3000 personnes avaient assisté à l’hommage. La diffusion du film continue sur les pages Facebook et Youtube de   Compagnie Ouvrière de Production Cinématographique.

Dimanche 14h : à Paris rassemblement de soutien à Cuba

Dimanche 15h : à Paris encore Rassemblement pour la libération de Georges Abdallah et de tous les prisonniers palestiniens.

Pour toutes ces initiatives nous avons tenu à être présents à la hauteur de nos moyens.

D’autres rendez-vous se profilent un peu partout en France et en particulier le 4 février : nous nous engageons à être aux rendez-vous.

Important aussi de continuer notre campagne « Plus un soldat français en Afrique » à l’heure où cette idée grandit dans l’opinion publique en France.

 

Enfin les cartes 2021 sont envoyées par courrier et chacune et chacun devrait les recevoir bientôt. Merci de vos retours et du versement rapide de votre part nationale.

 

En vous saluant fraternellement nous vous disons à bientôt

 

Pour le bureau

Charles Hoareau

25 janvier 2021

MGmail - La lettre de Patrick Le Hyaric - 24 janvier 2021 à 19:47

Michel Peyret <michel.peyret@gmail.com>

La lettre de Patrick Le Hyaric

Patrick Le Hyaric <lettre@patrick-le-hyaric.fr> 24 janvier 2021 à 19:47
Répondre à : contact.patricklehyaric@gmail.com
À : michel.peyret@gmail.com
http://patrick-le-hyaric.fr/
 
La Lettre du 24 janvier 2021
patrick-le-hyaric.fr/
 
 
 
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Voir la version en ligne
 
 
Bonjour à chacune et chacun,
 
J’ai consacré mon éditorial de L’Humanité Dimanche a la situation de « non-production » de vaccin français. La France va être le seul membre du Conseil de sécurité des Nations Unies à ne pas produire de vaccin.

Pourtant le groupe Sanofi est arrosé de crédit d’impôt recherche et arrose lui-même ses actionnaires de 4 milliards d’euros de dividendes.
 
J’ai choisi pour titre « La preuve par Sanofi » pour démontrer la profonde nature du système capitaliste qui préfère les profits au traitement de la pandémie. Mais il aime aussi grossir ses profits sur la pandémie. Ainsi le groupe nord-américain Pfizer vient de trouver une incroyable astuce. Jusque là il livrait des flacons de vaccins dans lesquelles on retirait 5 doses pour 5 injections. Retirer plus de sérum d’un flacon est très difficile.
 
En tout cas les contrats spécifient qu’un flacon contient 5 doses. Mais voici que d’un coup Pfizer vient d’inventer la 6ème dose. Il fait ainsi d’une pierre deux coups : il utilise cette possibilité pour justifier ses réductions de livraisons pour le moment aux États mais leur facturera une dose supplémentaire par flacon.
 
Jusqu’au sommet de l’État on s’est mélangé les pinceaux toute la semaine : le ministère de la Santé annonçait avoir reçu 383 000 doses quand le premier ministre déclarait 320 000 doses. Celui-ci continuait donc de considérer qu’un flacon contenait…5 doses.
 
 
La preuve par Sanofi

l'éditorial de l’Humanité du 21 janvier
 
"La France avait su se doter, grâce au volontarisme de la puissance publique, d’un secteur de la santé puissant, envié et souvent copié à travers le monde. L’un de ses fleurons, Sanofi, s’est construit grâce aux compétences exceptionnelles acquises par des ingénieurs et chercheurs, à une tradition scientifique rigoureusement transmise, au travail des salariés et avec l’aide d’un État planificateur et généreux..."
 
Lire ici
 

Derrière cette petite manipulation se cache de gros profits. Dans le programme de livraison actuelle pour l’Union Européenne, Pfizer va expliquer qu’il peut honorer la commande de doses prévues en livrant 100 millions de flacon au lieu de 120 millions soit une économie de livraison de 20 millions de flacons et de 120 millions de doses qui pourront être « revendues ». Comme nous pouvons révéler que le prix de la dose (de la dose et non pas du flacon) est de 12€, le profit supplémentaire sera de …1,5 milliards d’€.

Interpellons partout ou nous le pouvons les autorités de l’État et de l’Union Européenne pour faire cesser ce scandale, car c’en est un.

Il en est un autre du point de vue de la civilisation et de l’humanité. Seuls 45 pays ont aujourd’hui accès au vaccin. Parmi eux, 11 se taillent la part du lion. Des milliards d’êtres humains sont donc privés à priori de vaccins. Une autre stratégie aurait consisté à faire des personnes les plus sensibles, et des médecins et soignants du monde entier une priorité. Ce serait de l’authentique coopération internationale au service du bien commun. Le capitalisme ne le permet pas. C’est contre sa nature.

Aujourd’hui la santé de milliards de personnes est dépendante de quelques trusts pharmaceutiques : nature des vaccins, emballages, rythme de production et de distribution, prix. La problématique des brevets et donc du traité dit « ADPIC » signé en 1994 dans le cadre de ce que l’on a appelle le Cycle d’Uruguay de l’Organisation mondiale du commerce est a l’ordre du jour.

Ce traité qui protège la propriété intellectuelle des grandes firmes capitalistes signé sous l’influence des même Pfizer, Gilead, Bayer, Opel-IBM… Si la France voulait faire ouvrir le dossier avec l’Union Européenne elle trouverait des alliés dont l’Inde, l’Afrique du Sud et de nombreux pays Africains et latino-américains. Tous les peuples qui en subissent les douloureuses conséquences aujourd’hui (j’y reviendrai dans quelque temps).

Construire un monde commun appelle à des décisions communes, coopération, partages des savoirs et des avoirs. Bref le communisme frappe à la porte.

On pourrait faire un parallèle entre les difficultés d’approvisionnement et les questions de désarmement et de paix. En effet, beaucoup d’argent est investi dans le surarmement nucléaire et si peu pour construire un système de protection des pandémies. Ainsi, pour la France, les dépenses gâchées dans la bombe atomique permettraient de mettre en place 100 000 lits de soins intensifs dans les hôpitaux, d’installer 10 000 ventilateurs, d’embaucher 20 000 infirmières et 10 000 médecins. Les dépenses pour cette bombe sont de 67 752 € par minute aux Etats-Unis et de 11 415 € par minute en France.
 
Les neufs Etats qui disposent de l’arme nucléaire dépensent chaque année 72,9 milliards de dollars. Combien de chercheurs, combien de doses de vaccins, combien d’hôpitaux, combien d’argent à investir pour un nouveau système de protection de la nature avec cette somme astronomique ? Dans ce cadre, la bataille pour zéro arme nucléaire devrait prendre plus d’ampleur.

Bonne nouvelle ! 51 États ont signé le traité d’interdiction des armes nucléaires (TIAN) cette semaine. C’est un considérable point d’appui ; il peut devenir un instrument juridique solide pour aller plus avant et pousser les neuf Etats détenteurs de la bombe atomique (dont aucun n’a signé le traité) vers une autre attitude. Le mouvement de la paix devrait être poussé dans ceux-ci en lien avec les pays qui ont signé le traité pour obtenir « un monde sans armes nucléaires ».

Autre nouvelle intéressante ; j’avais dénoncé ici et dans un éditorial de L’Humanité Dimanche cet été ("Armes, justice, climat : même combat", 6 août 2020) la décision de Trump de déchirer le traité dit « New-START » qui expirait le 5 février prochain et limitait l’arsenal nucléaire des Etats-Unis et de la Russie. Or, M. Biden vient de décider de re- signer ce traité et l’administration russe se déclare prête à en faire de même. Ce sont des nouvelles plutôt encourageantes.
 
On aura beaucoup parlé dans tous les sens du départ de Trump ces derniers jours. Je souhaite alerter sur le criminel qui joue tranquillement au golf dans ses propriétés de Floride après avoir fait exécuter ces derniers mois 10 personnes dont une femme, Lisa Montgomery.

Ces 14 et 16 janvier il faisait encore exécuter deux afro-américains pour des faits remontant aux années 1992 et 1996. Et, au nom du qualificatif « d’organisation terroriste » pour les houthis du Yémen, ce criminel fait mourir de faim 12 millions d’enfants innocents et des centaines des millions de femmes et d’hommes qui ne peuvent pas accéder à l’aide alimentaire mondiale. Par contre ses crapules d’amis ont toutes été graciées.
 
________________ 
 
 
Ah ! Ce quoi qu’il en coûte
 
 Le gouvernement a refusé en début d’année d’augmenter le smic. Voici pourtant qu’en plein semi-confinement on s’apprête à augmenter les tarifs d’électricité de 4%. Déjà un quart de nos compatriotes déclarent s’imposer des restrictions de chauffage alors qu’ils sont plus astreints à rester chez eux du fait des différents confinements et du couvre-feu. La facture d’électricité, un bien essentiel, va donc lourdement augmenter, les auto-restrictions aussi.

On ne peut laisser faire ! On ne pourra longtemps supporter les sornettes débitées par ce pouvoir.

Cette semaine on nous a ressorti l’affaire des masques en tissu peu protecteurs alors qu’il y a quelques mois il fallait s’en fabriquer soi-même. On vient de nous expliquer que la deuxième dose vaccinale pouvait maintenant être retardée, alors qu’il y a quelques jours elle devait être administrée rapidement. A trois jours d’intervalle le ministre de l’Éducation a expliqué qu’on ne changera pas le dispositif du bac, pour décider qu’il se ferait sur la base du contrôle continu. Dans la même journée le ministre de la Santé devant le Sénat explique qu’on va vacciner 15 millions de personnes d’ici l’été. Le soir, au 20h de TF1, il dit qu’on en vaccinera 70 millions ! Ces gens décrédibilisent la parole publique et la politique tout en naviguant à vue.
 
 
 
 
Retrouvez les émissions de "Au pied de la lettre"
 
Le 21 janvier dernier, Vincent Roy recevait Alain Fleischer pour la sortie de son livre "La vie extraordinaire de mon auto" (éditions Verdier).
 
Émissions antérieures:
1. Josyane Savigneau et Philippe Sollers, à retrouver ici.
2. Cécile Guilbert, vidéo ici.
3. Mohammed Aïssaoui, à retrouver ici.
4. Belinda Cannone, vidéo ici.
5. Jacques Weber, vidéo ici.
6. Bernard Vasseur, vidéo ici.
7- Pascal Ory, vidéo ici.
8- Jean-Michel Delacomptée, vidéo ici.
 
L'émission du 21 janvier avec Alain Fleischer
 
 
 
'Besoin de communisme' - un hors-série de l'Humanité
 
Avec ce numéro spécial publié à l’occasion du 100e anniversaire du Parti communiste français, l’Humanité a voulu explorer l’idée et la pratique communistes, leur passé, leur présent et leur avenir, en donnant à saisir leurs ressorts, à voir et comprendre les expériences qui s’en réclament, tout en sondant, dans le mouvement réel, leur potentialités futures. Le communisme a de l’avenir. À chacune et chacun de nous de lui donner substance et consistance dans les combats présents et à venir. Ces 124 pages vous y engagent. - 8,90 €
 
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Le communisme a de l'avenir...
 
Marx n’est pas qu’un penseur de l’anticapitalisme. Mais le communisme tel qu’il l’a envisagé n’a jamais été essayé historiquement, alors que le changement de civilisation qu’il préconise et dont il indique les grandes lignes (l’après-capitalisme d’une société sans classes) n’a jamais été aussi actuel.
Telle est la grande thèse que soutient Bernard Vasseur en détricotant la lecture de Marx des traditions militantes de la social-démocratie allemande et du marxisme soviétisé.
 
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'Besoin de communisme' - un hors-série de l'Humanité
 
Avec ce numéro spécial publié à l’occasion du 100e anniversaire du Parti communiste français, l’Humanité a voulu explorer l’idée et la pratique communistes, leur passé, leur présent et leur avenir, en donnant à saisir leurs ressorts, à voir et comprendre les expériences qui s’en réclament, tout en sondant, dans le mouvement réel, leur potentialités futures. Le communisme a de l’avenir. À chacune et chacun de nous de lui donner substance et consistance dans les combats présents et à venir. Ces 124 pages vous y engagent.  - 8,90 €
 
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Vous souhaitant la meilleure semaine possible, recevez mes amicales salutations.

Patrick Le Hyaric
 
 
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24 janvier 2021

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25 décembre 2020
28 décembre 2020
26 décembre 2020
24 janvier 2021

Herodote.net - ★ Ce que vous avez retenu de 2020 : la fin d'un monde ! Jean Gabin, un amour d'acteur ; Gramsci

★ Ce que vous avez retenu de 2020 : la fin d'un monde ! Jean Gabin, un amour d'acteur ; Gramsci

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À moi

L'historien, c'est vous !

Vous avez été près de deux mille à sélectionner les événements de 2020 qui marqueront l'Histoire. 

La pandémie bien sûr, mais aussi plusieurs autres événements tragiques ou réconfortants. 

Voici les résultats de votre vote ainsi que vos commentaires...

 

2020, la fin d'un monde

L'historien Gabriel Martinez-Gros constate la fin des « Deux-Cents Glorieuses   » (XIXe-XXe siècles). 

Éclairé par Ibn Khaldoun, penseur du XIVe siècle, il entrevoit notre entrée dans un monde vieillissant et stationnaire, avec une alternative : soit l'évolution vers un système impérial et autoritaire, soit  le retour à des nations solidaires et démocratiques...

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Jean Gabin, un amour d'acteur

Plus qu'un monstre sacré, Jean Alexis Moncorgé, dit Jean Gabin, est un mythe du cinéma mais aussi un mythe du XXe siècle qu'il a traversé en plan large et en gros plan. Mieux que quiconque, il a incarné la France. Il pouvait tout jouer et il a tout joué. Toujours crédible, toujours juste, qu'il soit ouvrier, militaire, artiste, clochard ou qu'il préside aux destinées de la République...

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Anniversaires

Antonio Gramsci, marxiste à l'italienne

Le 22 janvier 1891, Antonio Gramsci voyait le jour en Sardaigne. Porte-parole des crises du capitalisme dans l’entre-deux-guerres, il participe à la création du Parti communiste italien avant d'en prendre la tête. Si le régime fasciste de Mussolini le jette en prison, l'intellectuel marxiste en profite pour mettre par écrit grand nombre de ses théories, dont celle de l’hégémonie culturelle selon laquelle il faut mener un combat des idées avant de renverser un système politique...

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Armistice franco-allemand

Le 28 janvier 1871, l'armistice entre la France et le nouvel Empire allemand est signé par Jules Favret...

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Le système Law

Le 26 janvier 1721, une enquête est ouverte sur les opérations du financier écossais John Law...

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De l'or en Californie

Le 24 janvier 1848, en Californie, un charpentier du nom de James Marshall découvre des pépites d'or...

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Assassinat du calife Ali

Le 24 janvier 661, le calife Ali est assassiné par des musulmans dissidents de la secte des kharidjites...

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Devinettes

On m'appelle...
D'où vient le surnom de Caligula ? RÉPONSE

Oh le beau collier
Quel cardinal fut compromis avec le collier de la reine ? RÉPONSE

Toujours plus froid
Où et en quelle année eurent lieu les premiers Jeux Olympiques d'Hiver ? RÉPONSE

Petit écran
Qui a inventé la télévision ? RÉPONSE

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